Le Japon utilise l’IA pour surveiller les salariés, et plus précisément leurs sourires
Anthony Morel, il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour voir les dérives de l’intelligence artificielle. Vous nous emmener au Japon où on surveille désormais ses salariés en les obligeant à sourire. C’est ça. Dans les magasins, c’est ça. On va surveiller la qualité de leur sourire. Ça va même plus loin que ça. Et j’adore, enfin j’adore, ça me fait froid dans le dos le nom de ce dispositif qu’on dirait tout droit sorti d’un épisode de Black Mirror. L’algorithme s’appelle Mister Smile, Monsieur sourire. Terrifiant. Terrifiant. cette chaîne de de supermarché qui s’appelle EON, c’est une grosse chaîne de supermarché he ils ont installé cette cet algorithme qu’en gros c’est des caméras intelligentes qui vont analyser bah les sourir le visage en fait c’est de la reconnaissance faciale he de tous les salariés et donc détecter 450 critères différents, les expressions faciales est-ce que la personne est en train de sourire ou est-ce que est-ce qu’elle fait la tête mais aussi des éléments comme la voix, le ton utilisé pour dire bonjour ou au revoir, les intonations, enfin un certain nombre de critères qui permettent de noter les salariés parce qu’il y a ça derrière évidemment, il y a un système de notation et même de gamification. C’est-à-dire qu’on va vous inciter à améliorer votre sourire. Ça va vous faire gagner des points, des points d’expérience. Derrière, il y a probablement un système de récompense. On n pas tous les détails, mais en tout cas, c’est le dispositif qui est mis en place par cette grande chaîne de de supermarché. Alors qui assume complètement ça qui est dingue aussi, c’est qu’ils ont publié un communiqué en disant bah oui, nous notre objectif c’est la satisfaction des clients et donc on veut absolument que euh euh les caissiers, les caissières et bien sourient tout le temps et sur l’expérimentation qu’ils ont mené qui dure depuis plusieurs mois et bien ils estiment que l’attitude moyenne, alors je sais pas comment ils calculent ça hein, mais de leur salariés a été amélioré d’un facteur d’ 1,6. Alors, c’est un un dispositif qui a suscité des débats y compris au Japon sur la thématique du harcèlement des salariés parce que quand même, c’est pas forcément une ambiance de travail extrêmement agréable. Et puis sur la la question de cette cette idée de vouloir uniformiser des sourires, est-ce que ça a du sens ? C’est vous allez en tant que client dans un supermarché, on vous sourit mais c’est un sourire forcé. Est-ce que c’est forcément quelque chose d’agréable ? J’en suis pas certain non plus. Bon, en tout cas, euh ça dit bien que le le droit du travail n’est pas le même en Asie que chez nous en France parce que surveiller enfin déjà filmer ces ces salariés en France, je suis pas sûr que ça soit autorisé. Mais vous nous dites euh Anthony que donc il y a cet exemple qui est assez euh choquant de de notre point de vue euh mais c’est pas le seul. Il y en a Non, c’est pas le seul. Il y en a plein d’autres. Alors, vous avez raison de dire que en France, on est euh relativement protégé de tout ça. Je pense que les gens de Lail feraient un infarctus en entendant ce que je suis en train de raconter. En revanche, il y a d’autres pays où j’allais dire c’est encore pire ou en tout cas il y a des expérimentations qui sont un peu similaires. Je pense à la Chine alors qui est souvent assez en pointe dans les utilisations un peu extrême de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale. On est dans ce qu’on pourrait appeler la la surveillance émotionnelle des salariés. euh dans le cadre de certaines usines par exemple, et bien on utilise désormais des casques donc pour les les ouvriers ou les techniciens qui sont équipés euh d’un système d’électroencéphalogramme qui va analyser euh donc les ondes cérébrales et essayer de déterminer là encore c’est de l’intelligence artificielle le niveau de stress, d’anxiété, les émotions, la fatigue des salariés pour préciser pour leur bien-être. Oui. Alors, c’est comme ça que c’est vendu. C’estàdire oui. Alors, si vous êtes un peu fatigué, on va vous mettre sur un autre poste. Bon, peut-être que c’est utilisé de cette manière-là. On va vous virer. On va vous éventuellement vous virer. Bon, le but c’est d’augmenter la productivité de toute façon, donc de savoir quelle personne mettre à quel à quel poste pour que ce soit le plus efficace possible. Enfin, là encore, en terme d’ambiance de travail, on peut pas dire que ce soit le truc le plus euh le le plus joyeux du monde, quoi. Et en fait, voilà, c’est des expérimentation, je dis pas que c’est à grande échelle, c’est des expérimentations mais qui sont menées assez sérieusement dans certains pays. Donc ça, certains pays, en l’occurrence la Chine, mais en Occident, euh on a aussi plein d’idées. Oui, je voudrais pas faire croire que c’est l’apanage de l’Asie, hein, tout ce dont on vient de parler, même si on a parlé du Japon et de la Chine. On peut parler d’Amazon par exemple aux États-Unis qui est assez critiqué d’ailleurs pour l’utilisation de l’intelligence artificielle pour la surveillance, je vais dire le flicage mais c’est un peu ça des salariés. Par exemple, les camions des livreurs sont désormais équipés de caméras intelligentes qui vont analyser tout ce qui se passe à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de la cabine. Donc tout ce que fait le livreur, s’il a oublié de mettre sa ceinture, s’il commence à bailler, euh si euh il grille un stop, euh et bien tout ça va être analysé et euh envoyé vers le centre de commande Amazon qui va pouvoir appeler le livreur en lui disant “Mais qu’est-ce que tu es en train de faire Euh là encore derrière, il y a un côté entre guillemets positif ou vertueux, c’est l’amélioration de la sécurité. C’est vendu comme ça. Mais là encore en terme d’ambiance de travail, on a quand même vu mieux. Ouais. Vous vous entraînez à sourire un petit peu ? Euh oui, je je me force un peu. Mais ici quand on est en plateau sur on a pas besoin de se forcer, on sourit naturellement évidou. Oui, enfin on est filmé en permanence donc on essou de pas trop faire la tête. Ouais, c’est vrai, c’est mieux. Merci beaucoup Into dit.
Ce mercredi 9 avril, les dérives de l’intelligence artificielle, qui permet désormais de surveiller les salariés, à l’exemple d’une chaîne de supermarchés japonaise qui se sert de la reconnaissance faciale pour observer le sourire de ses employés, ont été abordées par Anthony Morel, dans Culture IA, dans l’émission Good Morning Business sur BFM Business. Retrouvez l’émission du lundi au vendredi et réécoutez-la en podcast. 👋 Bienvenue sur la chaîne YouTube officielle de BFM Business, première chaîne d’information économique et financière de France.
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