Pourquoi Hirohito n’a pas été jugé ? Le Japon après 1945

On est en octobre 1975, à 
Disneyland, en Californie. Ce jour-là, le “royaume enchanté” 
reçoit un invité… un peu spécial. Ce vieil homme en train d’assister à la parade 
n’est autre que l’empereur du Japon, Hirohito. Oui, celui-là même qui dirigeait le 
Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais attendez… Comment c’est possible ?
Comment est-ce que l’un des leaders de l’Axe avec Hitler et Mussolini 
s’est retrouvé à pouvoir se balader tranquillement à Disney 30 ans tout 
pile après la capitulation de son pays ? Pour comprendre ça il faut retourner en 1945.
Car on connaît généralement bien les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, le 
Japon est à genoux, les Etats-Unis larguent deux bombes atomiques, l’URSS déclare 
la guerre au Japon, il capitule, fin. Mais ce qu’on connaît beaucoup moins 
c’est ce qu’il s’est passé juste après. Pourquoi le Japon ne s’est pas 
retrouvé comme l’Allemagne partagé entre soviétiques et américains ? Comment 
les américains ont-ils pris entièrement le contrôle du pays pour le remodeler 
à leur façon ? Les responsables des atrocités commises en Chine et dans le 
reste de l’Asie ont-ils tous été jugés ? Et surtout, pourquoi l’empereur et sa famille, qui étaient pourtant au sommet de la 
pyramide, ont-ils échappé à tout procès ? Été 1945. Le Japon est à bout de souffle. 
Depuis maintenant de longs mois, l’armée impériale japonaise recule dans le Pacifique.
Les bombardements stratégiques sur les grandes villes japonaises dont Tokyo tuent des 
centaines de milliers de civils et réduisent à néant les capacités industrielles du pays.
Depuis Potsdam près de Berlin, le président américain Truman, Staline et Churchill qui 
viennent d’achever le IIIe Reich, lancent un ultimatum au Japon pour exiger sa reddition.
Sans réponse de Tokyo, Truman, à la fois pour éviter un débarquement et pour impressionner 
Staline, autorise l’usage de la bombe atomique. Ce 6 août 1945 à 8h15, un bombardier largue 
Little Boy qui pulvérise la ville d’Hiroshima. Sans réponse après la première 
attaque, une seconde bombe atomique est larguée sur Nagasaki le 9 août.
Le même jour que Nagasaki, l’Union Soviétique déclare la guerre au Japon. 1,5 million 
de soldats déferlent sur la Mandchourie. C’est cette offensive surprise et les deux bombes atomiques qui poussent finalement 
l’empereur Hirohito à intervenir. Au sein du pouvoir japonais plusieurs camps 
s’affrontent entre ceux qui veulent toujours continuer la guerre, ceux qui veulent se rendre 
à condition que le Japon reste souverain et ceux prêt à répondre à l’ultimatum posé à 
Potsdam, à savoir la reddition sans condition. C’est cette dernière option que 
choisit Hirohito, à la seule condition qu’il puisse conserver son trône.
Le 15 août 1945, dans un message radiodiffusé, Hirohito prend la parole pour 
annoncer la reddition du Japon. C’est la première fois que les japonais 
entendent la voix de leur empereur. [citation]
“Nous avons ordonné à Notre Gouvernement de faire savoir aux Gouvernements 
des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine et de l’Union soviétique, que Notre Empire accepte 
les termes de leur Déclaration commune.” Sans jamais parler de défaite, il se place 
en sauveur du peuple japonais qui aurait été contraint d’accepter la défaite 
“au nom de l’humanité” et utilisant le prétexte de la “nouvelle bombe” 
américaine pour justifier sa décision. [Citation Hirohito]
“l’ennemi a mis en œuvre une bombe nouvelle d’une extrême cruauté, dont la 
capacité de destruction est incalculable et décime bien des vies innocentes. Si Nous continuions 
à combattre, cela entraînerait non seulement l’effondrement et l’anéantissement de la nation 
japonaise, mais encore l’extinction complète de la civilisation humaine.”
Mais tout le monde n’accepte pas cette décision.
Certains militaires tentent sans succès un coup d’État pour 
empêcher la diffusion du message de l’empereur. Dans les jours qui suivent, plusieurs 
officiers choisissent le seppuku, le suicide rituel, plutôt que 
de vivre dans le déshonneur. Et tant d’autres soldats, éparpillés dans toute 
l’Asie, qui ne voudront pas croire à la fin de la guerre, choisiront de continuer le combat. Le 
dernier ne sortira de sa cachette qu’en 1974. Il faut dire que contrairement à ce 
que l’on pense, cette reddition du Japon surprend même les Américains. 
Malgré les deux bombes atomiques, ils pensaient encore qu’ils 
allaient devoir débarquer au Japon. L’autre surprise pour les américain, 
elle est du côté soviétique. Leur offensive éclair en Mandchourie 
choque l’état-major américain. Après les millions de morts qu’il avait fallu pour 
vaincre Hitler, personne ne pensait Staline capable d’aligner autant hommes en si peu de 
temps à l’autre bout de l’Union Soviétique. Pour le président Truman il faut à tout prix éviter que ce qu’il s’est passé 
avec l’Allemagne ne se répète: le Japon ne doit pas tomber aux mains de l’armée 
rouge pour ne pas se retrouver coupé en deux. Mais grâce à leur nouvelle arme, le 
rapport de force a changé et Staline renonce finalement à un débarquement au Japon.
Le champ est désormais libre pour qu’un premier détachement américain se pose sur 
une base japonaise le 28 août. A leur tête, Truman a placé un héros de la guerre 
du Pacifique: le général Douglas MacArthur. A 65 ans, il vient d’être nommé par le président 
américain “commandant suprême des forces alliés”. C’est lui qui organise la cérémonie qui acte la reddition du Japon qui se déroule le 2 
septembre 1945 à bord de l’USS Missouri, entouré par la flotte américaine qui 
a jeté l’encre dans la baie de Tokyo. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Union 
Soviétique, la Chine nationaliste, le Canada, les Pays-Bas, la Nouvelle Zélande et la France représentée par le maréchal Leclerc 
sont présents pour ce moment historique. Côté japonais c’est le ministre des 
affaires étrangères Mamoru Shigemitsu qui signe la capitulation au nom de l’empereur. MacArthur conclut la cérémonie par ces mots [citation macarthur] “It is my earnest hope 
and indeed the hope of all mankind that from this solemn occasion a better world shall emerge 
out of the blood and carnage of the past.” La cérémonie est suivie d’une impressionnante 
parade aérienne qui réunit 400 B-29 et plus de 1 500 avions de combat qui survolent Tokyo.
Une façon de montrer aux japonais qui sont les patrons maintenant, et au passage 
impressionner la délégation soviétique. Voilà, la Seconde Guerre mondiale est 
officiellement terminée. Mais on est encore loin, très loin d’un retour à la normale.
Fin 1945, l’Asie est un immense chaos, la Corée se retrouve coupée en deux, la Chine 
replonge dans la guerre civile entre nationalistes et communistes et l’Indochine française 
entame une longue guerre pour l’indépendance. Pour ce qui est du Japon la situation est, 
pour le dire gentillement, catastrophique. 2,7 millions de japonais, militaires 
et civils sont morts. 66 villes ont été entièrement détruites par les bombardements. Des millions de japonais sont à la rue et 
risquent de mourir de faim ou de maladie. Bref, tout est à reconstruire. Un retour 
à zéro qui offre aux États-Unis, désormais maîtres du pays, l’opportunité d’accomplir 
quelque chose d’unique dans l’histoire: refaçonner entièrement un pays à leur façon. À l’heure où la guerre froide s’annonce, les 
Etats-Unis doivent transformer leur ancien ennemi en leur principal allié en Asie. Et c’est 
à MacArthur que revient cette tâche titanesque. ▶️ CHAPITRE II: “L’EMPEREUR BLANC”
En septembre 1945, MacArthur prend quasiment à lui seul le contrôle du pays. Installé dans cet immeuble à proximité du palais 
impérial avec le reste du “commandement suprême”, il devient le véritable chef de l’état japonais 
ce qui lui vaut leur surnom “d’empereur blanc”. Sa tâche est colossale, il doit non seulement 
reconstruire le Japon mais aussi le transformer complètement, changer son identité nationale: 
faire passer le Japon d’un fonctionnement quasi féodal, impérialiste et militariste vers une 
démocratie libérale, pacifiste… et pro-américaine. Et pour ça, MacArthur qui connaît bien le 
pays pour y avoir vécu dans sa jeunesse, a carte blanche de la part de 
Truman pour transformer le Japon. Son plan peut se résumer en deux axes majeurs: 
Démilitariser et démocratiser le pays. Première étape: dissolution de l’armée impériale. 
Ses rangs sont purgés, la Kempetai, la redoutable police politique japonaise est abolie et plusieurs 
dizaines de hauts gradés, de ministres et d’anciens ministres sont arrêtés et emprisonnés.
Mais une personne semble échapper à ces poursuites: l’empereur Hirohito.
Malgré la pression des alliés, de l’opinion publique américaine qui le 
considère responsable de Pearl Harbor et même de certains Japonais qui voudraient le voir 
abdiquer, MacArthur décide de protéger Hirohito. Mais pourquoi une telle clémence ?
En échange de leur coopération, MacArthur promet que l’ensemble de la 
famille impériale ne pourront pas être tenus responsables du déclenchement 
puis de la conduite de la guerre. Pour le général, épargner Hirohito c’est 
d’abord éviter que le pays ne se retrouve déstabilisé et que certaines idées comme le 
communisme ne se propagent et aussi maintenir la cohésion du peuple japonais qu’il estime 
indispensable pour mener à bien sa mission. Car cela créer pour la population l’illusion que toutes ces réformes ne sont pas imposées 
par les Etats-Unis mais par l’Empereur. En contrepartie de cette protection, 
Hirohito annonce le 27 novembre 1945, qu’il renonce à sa légitimité divine qui 
faisait de lui un dieu vivant aux yeux des japonais. Il conserve ainsi son trône mais 
devient une figure purement symbolique. MacArthur, désormais débarrassé du poids 
politique de l’empereur, va pouvoir avancer… A la fin de l’année 1945, 500 000 soldats 
américains sont déployés au Japon. Et contre toute attente, la cohabitation entre 
les deux peuples se passe étonnamment bien. Il faut dire qu’après les années 
d’oppression du régime impérial, l’arrivée des américains est vécue plus 
comme une libération qu’une invasion. Les américains alimentent 
aussi une intense propagande. Toute critique de l’institution 
impériale ou de l’occupant est interdite. Et pour éviter toute révolte, les 
terribles effets secondaires des retombées radioactives sont cachés à la population.
Grâce à une aide alimentaire d’urgence, la famine qui guettait la population est évitée 
de justesse ce qui permet à MacArthur de gagner rapidement la confiance de la population.
MacArthur peut alors passer à la deuxième étape : démocratiser le Japon.
En 1946, une nouvelle constitution est rédigée sous supervision américaine. Elle 
est d’ailleurs toujours en vigueur aujourd’hui. Elle fait du Japon une monarchie 
constitutionnelle, faisant officiellement de l’empereur une figure 
symbolique sans aucun pouvoir politique. Le suffrage universel est instauré, offrant au 
passage le droit de vote aux femmes japonaises. Les partis politiques et les syndicats 
sont réautorisé dont le PCJ, le parti communiste japonais dont les membres qui 
avaient été enfermés sont libérés. La liberté d’expression est autorisée.
Les travailleurs obtiennent plus de droits ou la séparation entre l’Etat et 
la religion du Shintoïsme est proclamée. Mais le plus important pour les 
américains c’est l’Article 9. Dans celui-ci, le Japon renonce définitivement 
à faire la guerre et à posséder une armée. “Aspirant sincèrement à une paix internationale 
fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en 
tant que droit souverain de la nation” Mais ça aussi on va le voir après pourquoi, 
ça ne sera pas entièrement respecté. Autre partie cruciale pour façonner 
le Japon de demain: la Justice. Sur ordre de Truman, MacArthur s’attèle 
à organiser un grand procès sur le modèle de celui de Nuremberg pour juger 
les crimes de guerre japonais. Car si en Europe on connaît très bien 
les atrocités commises par les nazis, celles des japonais en Asie 
ont été tout aussi terribles. Mais est-ce qu’après la guerre, au moment 
où le Japon devient un allié des Etats-Unis et que les américains font tout pour 
protéger Hirohito, est-ce qu’un vrai procès impartial pouvait avoir lieu ?
▶️ CHAPITRE III: UN PROCÈS CONTROVERSÉ Petit retour en arrière. De 1931 
à 1945 le Japon s’est livré à de grandes conquêtes dans toute l’Asie.
En 1931 les japonais envahissent la région de Mandchourie au nord de la Chine avant 
d’envahir le reste du pays à partir de 1937. Puis en 1941, les japonais 
attaquent les américains à Pearl Harbor et envahissent l’Asie du 
Sud-Est capturant l’Indochine françaises, les Indes néerlandaises ou encore la Malaisie 
Britannique dans le but de se constituer un gigantesque empire colonial dont les ressources 
servirait à alimenter un Japon autosuffisant. Pendant 6 mois le Japon vole de victoires 
en victoires jusqu’au revers de Midway en 1942. A partir de là les japonais n’ont 
fait que reculer jusqu’à la capitulation. Durant toutes ces années, 
le Japon s’est livré à de nombreux pillages et massacres dans ses colonies. En Chine, les crimes japonais 
ont été très nombreux. Le plus connu a eu lieu dans la ville 
de Nankin en décembre 1937. Les japonais se sont livrés à un sac de la 
ville et à un massacre de sa population. Des milliers de femmes sont violées ou torturées 
et entre 50 000 et 300 000 hommes, femmes et enfants sont assassinés, par balle, 
à coups de baïonnette ou brûlés vifs. Au même moment s’est installée en 
Mandchourie la terrifiante Unité 731. Commandée par le général Shiro Ishii, 
cette unité militaire était supposément dédiée à la recherche contre les épidémies 
et pour faciliter l’accès à l’eau potable. Mais en réalité, ces recherches servaient 
à fabriquer des armes bactériologiques. Pendant 10 ans, de nombreuses expériences 
furent menées sur des prisonniers, autant civils que militaires à l’intérieur 
de leurs laboratoires mais aussi sur les populations civiles aux alentours. Plus 
de 300 000 personnes auraient été tuées. A partir de 1941 pour se venger d’un front qui 
n’avance pas, les japonais appliquent en Chine la politique des trois tout, “brûle tout, pille 
tout, tue tout”. 2 700 000 morts supplémentaires. L’armée japonaise avait aussi fait 
des viols et des abus sexuels une méthode de répression systématique.
A travers toute l’Asie, les japonais ont organisé la déportation de jeunes femmes 
en direction de bordels militaires. Entre 200 et 400 000 de ces femmes que l’on a surnommé avec 
un euphémisme immonde, les “femmes de réconforts” ont été réduites à l’état d’objets sexuels.
En parallèle, l’armée japonaise s’est également déchaînée contre les colons occidentaux 
comme avec les français d’Indochine. Les prisonniers de guerre américains et 
britanniques étaient maltraités et déportés à pied vers des camps de concentration 
comme lors de la Marche de la mort de Bataan aux Philippines en 1942 où plusieurs 
milliers d’entre eux ont trouvé la mort. C’est donc tout ça que les américains 
et leurs alliés espèrent juger. Le 3 mai 1946 s’ouvre le Tribunal Militaire 
International pour l’Extrême-Orient qui se fera surtout connaître sous 
le nom de “Procès de Tokyo” Il est peu connu par chez nous alors qu’il a été 
tout aussi hors-norme que celui de Nuremberg. Prenant place dans l’ancien quartier général 
de l’armée japonaise, il va s’étaler sur plus de 2 ans. En comparaison, le procès de 
Nuremberg a été bouclé en seulement 11 mois. 11 juges représentent les vainqueurs: Les 
Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l’URSS, le Canada, les Pays-Bas, le 
Nouvelle-Zélande, l’Inde et les Philippines dont le juge Delfin Jaranilla est l’un des 
survivants de la Marche de la mort de Bataan. C’est l’australien William Webb qui préside le tribunal.
Face à eux se tiennent 28 accusés. Je vais pas vous faire la liste de tous 
les noms mais on compte des diplomates, des hommes d’affaires et des 
militaires comme Sadao Araki, l’un des principaux responsables de la montée 
du nationalisme et du militarisme au Japon dans les années 20 et 30 ou encore le général 
Matsui responsable du massacre de Nankin. On compte aussi 2 ministres de la marine, 
4 ministre de la guerre, Kōichi Kido le conseiller personnel de l’empereur, trois 
ministres des affaires étrangères et enfin 4 anciens premiers ministres dont Hideki 
Tôjô en poste pendant la majeure partie de la guerre et qui avait loupé sa tentative 
de suicide lors de son arrestation. Les charges sont lourdes : ils sont accusés au 
choix de crime contre l’humanité, de crimes de guerre ou de crime contre la paix.
Mais dès le départ, une ombre plane au-dessus du tribunal : celle de d’Hirohito.
Malgré les demandes des juges d’au minimum pouvoir auditionner Hirohito, ils se heurtent 
à un refus systématique de MacArthur… Certains accusés comme le général Tojo ont même passé 
un accord avec les américains pour ne surtout pas mentionner le rôle de l’empereur.
MacArthur en a décidé ainsi, Hirohito doit garder l’image d’un souverain pacifiste, un 
symbole pour un Japon qui doit se reconstruire. Mais au fil du procès, plusieurs accusés commettent des 
maladresses et des détails émergent. Hirohito a signé l’ordre d’invasion de la Chine 
et qu’il a donné son feu vert pour Pearl Harbor. En vérité, les militaires japonais n’ont 
pas du tout agi dans le dos de l’empereur. Jamais ils n’auraient comploté contre celui qui 
était considéré au japon comme un dieu vivant, le descendant direct de la déesse Amaterasu.
Hirohito était régulièrement tenu informé de l’évolution du conflit par son cabinet 
de guerre, il donnait son accord pour chaque grande décision. Il savait également pour 
certains crimes comme le massacre de Nankin. Il ne s’est pas non plus opposé au rapprochement 
avec l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie. Si il a tenté par moment de modérer les 
ambitions de certains chefs militaires, il n’y a qu’à la fin de la guerre qu’il n’a 
vraiment tenté de pousser dans le sens de la paix. Bref, même si il n’était sans doute pas le 
plus belliciste et clairement pas à mettre au même niveau qu’un Hitler ou Mussolini, 
les recherches ont montré que Hirohito savait parfaitement ce qui était en train 
de se dérouler et qu’il n’a rien fait pour l’empêcher. Probablement convaincu qu’en cédant 
aux militaires il pourrait conserver son trône. Pour certains juges dont Henri 
Bernard qui représente la France, on serait donc en face d’un procès politique, 
une mascarade orchestrée par les américains. Par exemple, l’accusation de “crime 
ou de complot contre la paix” pose selon lui et plusieurs autres juges un 
sérieux problème puisqu’elle sous-entend que la responsabilité de la guerre reposerait 
uniquement sur un petit groupe de militaires machiavéliques qui auraient comploté dans le dos 
de l’empereur pour mener le Japon à la guerre. Il y a aussi le fait que certains crimes 
de guerre semblent étrangement avoir été écartés volontairement par les américains.
Les juges sont par exemple scandalisés de découvrir que les autorités japonaises ont 
négocié avant le procès avec les américains pour dédouaner des officiers et des fonctionnaires 
considérés comme utiles pour contrôler le pays. Pire ! Shio Ishii et les scientifiques de l’unité 
731 ont même été graciés par les américains en échange de leur silence et de pouvoir 
récupérer les résultats de leurs expériences. C’est pourquoi en signe de protestation, 
le juge indien Radhabinod Pal demande l’acquittement de tous les accusés. Une 
façon de protester face à la volonté des américains de ne juger qu’une petite partie 
des responsables et d’écarter certains crimes y compris ceux commis par l’occident comme la 
colonisation ou l’usage de l’arme nucléaire. Le président Webb rend la décision du tribunal 
le 12 novembre 1948. Les 28 accusés sont tous jugés coupables. 7 sont condamnés à mort dont 
Hideki Tojo qui est pendu le 23 décembre. Si MacArthur avait pour projet d’entamer un second 
procès pour juger d’autres responsables arrêtés en 1945 comme le ministre de l’industrie Kishi 
Nobusuke qui avait organisé le travail forcé, le gouvernement américain met un stop à MacArthur. Tous les prisonniers suspectés 
d’avoir participé aux crimes du Japon qui n’avaient pas été jugés 
sont graciés et libérés fin 1948. Au cours de deux années qui se sont écoulées 
pendant le procès, la société japonais a bien changé. Le pays s’est peu à peu relevé. Ses 
villes sont reconstruites et sa population a pris goût à un genre d’american way of life 
à la japonaise. On va au cinéma, on fête Noël, on mange des burger, des hot dog, et certaines 
filles ramène à la maison un petit copain GI. Mais si les japonais pensaient un temps pouvoir 
eux aussi goûter à la liberté, ils vont vite être déçus. La situation en Asie et l’aggravation de 
la guerre froide à partir de 1949 vont pousser les américains à faire machine arrière.
▶️ CHAPITRE IV: UN NOUVEAU JAPON En 1949, l’URSS prend les Etats-Unis par surprise 
avec le succès de son premier essai nucléaire, la même année Mao proclame la République Populaire 
de Chine et en 1950 éclate la Guerre de Corée. C’est d’ailleurs à ce moment que MacArthur quitte son poste pour prendre la tête des 
forces des Nation Unies en Corée. Une nouvelle crainte surgit : et si 
le communisme s’infiltrait au Japon ? Pour empêcher ça, les américains décident de 
brusquement changer de cap et de revenir sur leurs promesses de libertés et de démocratie.
C’est l’époque des “purges rouges”. Le gouvernement japonais de Shigeru 
Yoshida, avec l’aval des Américains, traque tous ceux qu’ils soupçonnent d’être 
marxistes ou proches des idées de gauche, les mouvements sociaux et les syndicats sont 
réprimés et certains de leurs membres arrêtés. Pire, certaines personnes qui avaient été 
condamnés au procès de Tokyo sont libérées et reintègres des postes clés comme Mamoru 
Shigemitsu*, l’ancien ministre des affaires étrangères qui avait signé la capitulation 
de 1945 qui peut retrouver son ministère, ou encore Nobusuke Kishi qui lui 
deviendra même Premier Ministre en 1957. Désormais certains que le pays est entre de bonnes 
mains, c’est-à-dire pour eux les conservateurs, le Japon retrouve enfin son indépendance 
le 8 septembre 1951 avec le Traité de San Francisco… enfin presque indépendance.
Au même moment, un autre accord est signé : le traité de sécurité nippo-américain. Grâce à 
ce pacte, les États-Unis gardent des bases militaires sur le sol japonais, notamment sur 
l’île d’Okinawa, qui abrite encore aujourd’hui l’une des plus grandes concentrations de 
troupes américaines en dehors des États-Unis. Et ce n’est pas tout. Ce traité permet 
aussi au Japon de constituer une armée, enfin, pas vraiment une armée :
les Forces japonaises d’autodéfense, créées pour contourner la constitution pacifiste de 1947.
Avec la guerre de Corée, le Japon devient une base arrière stratégique pour les Américains en 
Asie. Cette position va booster son économie, donnant naissance au célèbre “Miracle 
économique japonais” des années 1960. Et… pour ce qui est de l’empereur ?
Hirohito lui n’aura été inquiété à aucun moment. Depuis 1946 il sort régulièrement de son palais où la propagande le met en scène avec sa 
famille lorsqu’il rencontre ses sujets. On lui crée de toute pièce une nouvelle image 
publique, fini l’image de l’homme en uniforme sur son cheval devant ses milliers de 
soldats prêt à mourir pour lui, c’est maintenant devenu un souverain modèle, proche 
de son peuple, passionné de biologie marine, un pacifiste qui n’a jamais voulu la guerre et qui 
n’était qu’une sorte de marionnette manipulée par une petite clique de militaire avide de sang.
Il va vivre une vie tranquille, voyager en Europe ou au Etats-Unis où il rencontrera les 
présidents Gerald Ford et Ronald Reagan… et fera un détour pour rencontrer Mickey en 1975 !
Il s’éteint finalement en 1989 à l’âge de 87 ans. Mais on l’a vu quand j’ai parlé du 
Procès de Tokyo, son rôle a quand même été beaucoup plus complexe que ça.
Alors, pourquoi Hirohito n’a-t-il pas été jugé ? Parce que MacArthur et le 
président Truman, sans preuve solide, ont considéré qu’il était plus utile 
sur son trône que sur un banc d’accusé. Le procès de Tokyo a été un moyen de dédouaner 
l’empereur Hirohito, en faisant retomber toutes les responsabilités de la guerre sur Tôjô 
et sur un certain nombre de ses subalternes. Une pirouette politique qui a permis 
de sauvegarder la tradition japonaise, d’éviter une trop grande instabilité, et de 
faire du pays une base avancée du camp libéral sur le théâtre asiatique de la Guerre Froide.
Mais voilà, ce choix des américains d’exonérer l’empereur de toute responsabilité et en 
permettant le retour des conservateurs au pouvoir, pouvoir qu’ils vont 
garder pour les décennies à venir, le Japon se retrouve encore aujourd’hui avec un 
rapport… disons particulier avec son histoire. Bien loin de l’Allemagne et sa repentance, le 
pouvoir japonais défend encore parfois des thèses révisionnistes, niant les crimes de guerre et 
défendant l’idée que le Japon n’aurait fait que de se défendre face aux puissances occidentales.
Un lieu symbolise tout ça: A Tokyo il y a cet endroit, le sanctuaire de Yasukuni. Ce sanctuaire 
fait aujourd’hui l’objet de controverses. Puisque là bas, on rend hommage à tous ceux qui sont 
tombés au combat au nom de l’empereur Showa, le nom posthume donné à Hirohito. Et parmi les plus 
de deux millions de personnes inscrites dans le Livre des âmes du sanctuaire, plus de 1000 ont été 
condamnées pour crimes de guerre dont Hideki Tojo. 80 ans après la fin de la guerre, 
le Japon est encore hanté par son histoire et les ambiguïtés qui l’entourent.
La difficulté de reconnaître jusqu’où le pays s’est laissé entraîner et les atrocités 
qui ont été commises. La difficulté pour une société japonaise toujours traumatisée par le feu 
nucléaire de regarder son passé en face quand, au plus haut sommet de l’Etat, les principaux 
responsables n’ont presque pas été inquiétés. Bref, les choix de Truman 
et de MacArthur ont laissé une marque indélébile au pays du soleil levant.

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En 1945, le Japon capitule. Mais que s’est-il passé ensuite ?
Comment les américains ont-ils refaçonné le Japon ? Les responsables des crimes de guerre ont-ils tous été jugés ? Et surtout, pourquoi l’empereur a t-il échappé à tout procès ?

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🖊️ Crédits:
Réalisation: Thibault Bourdin
Recherches et écriture: Thibault Bourdin et Guilhem Jean https://www.youtube.com/@UCjXVY_q2iTlumu3JXhqeD_A
Montage : Thomas Soubiran https://www.youtube.com/@UC-4q2p6iEqX3i8JhIRGQt1g
Montage sponsor: Werner Riboulot https://www.youtube.com/@UCNDacbz8zVfn5pALdZxyu0g
Documentaliste: Jane Sargos-Vallade
Miniature: Thibault Bourdin
Musique: Audionetwork et Tom Fox

📚 Sources: https://docs.google.com/document/d/1ETAgZynWwRcg6ZbHkehxLQMowVi570DnbXFGYNZ8QDQ/edit?usp=sharing

Chapitres:
00:00 Introduction
01:15 Displate
02:30 Capitulation
08:17 “L’Empereur Blanc”
12:51 Un procès controversé
21:27 Un nouveau Japon
26:26 Remerciements (900k)

22 Comments

  1. Quand tu parle du procès de Nuremberg et qu'ensuite t'enchaîne sur l'alliance entre les etats unis et le japon et que tu te demande si un vrai procès impartial pouvait avoir lieu c'est pas comme si le procès de Nuremberg était un modèle de d'impartialité

  2. Les japonais ont étaient plus malin que les allemands jusqu'au boutiste.
    Si Hitler avait capitulé en 1943, et s'en remettre au américains complètement, sûrement que l'Allemagne d'après guerre, aurait eu un destin différent.
    Bien joué de la part de l'empereur, il a évité que son pays finisse coupé en deux ou en trois

  3. Tres bon documentaire, merci. L'article 9 de la Constitution reste problematique face aux tensions actuelles dans la zone, et Abe Shinzo etait determine a le changer, meme apres avoir demissionne de son poste de Premier Ministre. Il y a une serie de videos interviews ou il explique la situation des bases, leur etat, sous-financement et pourquoi il souhaite changer la Constitution. Il a ete tue avant de pouvoir le mettre en place. Vivant ici depuis longtemps, je pense qu'Abe n'aurait jamais abandonne l'idee.
    25:00: la censure sur l'histoire est tres forte ici. Il est interdit de parler de l'histoire autrement que le recit "officiel" dans les ecoles, sous peine d'etre renvoye, et il y a tous les ans la mise a jour des livres "noirs", interdits par le gouvernement. Une partie des tensions avec la Coree du Sud et la Chine, d'un point de vue diplomatique, sont lies a cette re-ecriture de l'histoire. A ce stade, il est quasiment, a mon avis, impossible de changer le recit que les japonais entendent depuis l'age de 6 ans, a l'ecole. Il y a des chercheurs (Universite de Tokyo, je crois) qui font un travail d'archivage pour conserver les documents et tout materiels historiques et essaient d'en parler publiquement malgre tout.
    Une des raison pour laquelle les japonais sont opposes au changement de Constitution est probablement liee a ce conditionnement concernant leur histoire et la position de "victime des bombes atomique et nation qui ne souhaite que la Paix" etabli par le recit d'apres guerrre.

  4. Pourquoi l'Inde était présente sur le banc des juges, alors qu'à l'époque elle n'était qu'une colonie britannique? Et pourquoi le juge principal était un Australien ?

  5. Oui enfin toutes ces choses là ont permis au Japon de être un pays magnifique avec des gens en toute sécurité. Les Américains ont vraiment fait du bon travail là-bas. Le monde envie le Japon. Toujours avoir ce petit accent de condescendance de la morale.

  6. MERCI, d'avoir parlé des détails autour de la bombe atomique qui démontre que son utilisation ne s'est pas faite face à un "entêtement" du Japon. Mais plus par la peur de la Russie proche du front ouest et la motivation de la course à l'armement. Nous n'avons que la version US friendly en Occident qui commence à être insupportable pour la neutralité et la Vérité.

  7. Bah en France sans De Gaulle, le grand Charles, Roosevelt voulait continuer avec Petain et Laval après le débarquement , au Japon ils avaient pas de Charles, alors ils ont gardé l'empereur à binocles..

  8. Merci pour cette vidéo. Il faudra traiter de l’absence de decommunisation en Russie en Europe et même en France at autres malgré des crimes qui n’ont rien à envier au Japon… mais c’est plus délicat vu qu’ils sont toujours la…

  9. Il a été blanchi ou simple pantin manipulé par ces conseillers… les pires atrocités des japonais ne seront jamais jugés par cet empereur fantomatique !

  10. Comme toujours depuis Jules César, l'Histoire est écrite par les vainqueurs. Le gouvernement américain a sciemment caché des crimes contre l'Humanité via ce "procès" de Tokyo. Et actuellement, on met le mot "ingérence" comme tabou. Nuff said (Tout est dit!).