Trump : le monde au bord de la crise de nerfs – C dans l’air – 05.04.2025
avec Febreze Petit Coin.
Souriez, vous pouvez respirer. … – A.de Tarlé: Bonsoir. La politique économique de D.Trump
tourne au krach mondial avec plus de 5000 milliards
de dollars partis en fumée en 2 jours. Les économistes ne cachent pas
leur incompréhension face à ce qui ressemble
à un suicide économique, à commencer par le président
de la Banque centrale américaine, qui, en des termes choisis,
pointe le risque de déconvenues pour l’économie américaine
avec ces taxes à l’importation. Désemparée, l’Europe hésite
à riposter comme l’a fait la Chine. On craint maintenant
une escalade tarifaire façon années 30 avec faillites,
chômage et populisme. C’est le sujet de cette émission. Nous accueillons E.Cohen. Vous êtes économiste au CNRS. Je rappelle votre livre:
“Souveraineté industrielle: vers un nouveau modèle productif”. L.Nardon, vous êtes responsable
du programme America à l’Ifri. V.Niquet, vous êtes spécialiste
de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Votre livre s’intitule
“Taïwan face à la Chine”. E.Albert, vous êtes journaliste
au “Monde”. Je cite votre dernier article:
“Droits de douane, un choc pour l’économie”. E.Cohen, on va regarder
la une du “Wall Street Journal”, qui titre “Le carnage boursier,
ça empire”. Le journal avait soutenu D.Trump. C’est comme s’il s’en mordait
les doigts. – E.Cohen: Un carnage boursier
parce que ce qui est impressionnant, ce n’est pas
simplement que le Nasdaq baisse très fortement,
mais la Bourse de Milan perd 5 à 6 %, la Bourse
de Francfort, la Bourse de Paris… C’est un phénomène mondial, un choc
qui touche l’économie mondiale. Tout le monde
est en train de déguster. Si on met le focus
sur les Etats-Unis, on voit qu’il y a eu
des chutes massives pour certaines valeurs, mais c’est
surtout tous les Américains qui sont appauvris. Ils sont en pension funds,
soit sur la base de leurs investissements,
soit sur la base de leurs cotisations. Tous vont perdre. On fait déjà des estimations. Des estimations courent:
chaque Américain perdrait l’équivalent de 3500 dollars. – A.de Tarlé: Du fait
de l’inflation ou de la chute de Wall Street? – E.Cohen: Des effets cumulés
de cette politique de gribouille. – A.de Tarlé: Leur retraite,
c’est la Bourse. – E.Cohen: L’effondrement
de la Bourse, c’est quelque chose qui les touche tous directement. Pour l’économiste, on est
sur l’économie vaudoue, l’économie du père Ubu. Toute la construction
intellectuelle qui est derrière… – A.de Tarlé: D.Trump
avec son tableau… – E.Cohen: La fantasmagorie,
c’est qu’il a un plan de baisse des impôts qu’il veut généraliser. C’est un des grands thèmes
des républicains: la baisse des impôts
pour stimuler l’économie et enrichir les gens. Pour compenser la baisse
des impôts, il dit qu’il va faire appel aux revenus extérieurs,
c’est-à-dire aux droits de douane. Quel rapport y a-t-il
entre l’ampleur des mesures fiscales, des dettes,
des déficits et ce que pourrait éventuellement
rapporter une politique agressive de droits de douane? Vous avez vu
les aspects fantaisistes. Il s’attaque au Lesotho… – A.de Tarlé: Un pays
dont il avait dit qu’il n’en avait jamais
entendu parler. – E.Cohen: On se pince pour se dire
que c’est sérieux. Mais c’est du grand n’importe quoi. Les avis commencent à tomber. Vous citiez la Bourse,
le patron de la Fed. On entend de plus en plus de gens
qui font des simulations et qui voient l’impact de tout ça. Les 1res données disponibles
sont effrayantes. Si toutes ces mesures
sont appliquées, s’il n’y a pas de négociations, on table
sur une diminution de moitié du rythme
de la croissance mondiale. Ce n’est pas rien. Tous les pays seraient touchés:
l’Europe, les Etats-Unis… La France a une très faible
croissance, donc elle perdrait quelques dixièmes de point
de croissance, mais l’Europe perdrait
un point de croissance. Baisse de croissance, inflation… Tout ça devait provoquer
normalement une reprise sur le dollar,
avec une appréciation plus correcte par rapport
aux monnaies européennes et asiatiques. Ce n’est pas du tout
ce qu’il se passe. C’est un exercice surréaliste
auquel nous sommes conviés. – A.de Tarlé: Tout le monde perd,
L.Nardon. Même les milliardaires,
qui étaient tous raides comme des piquets le jour
de l’investiture de D.Trump… Depuis le début de l’année, E.Musk
a perdu 130 milliards à titre personnel. Sa fortune est investie
dans son entreprise. J.Bezos, 45 milliards. M.Zuckerberg, 45 milliards. B.Arnault, 4e fortune mondiale,
a perdu 18 milliards depuis le début de l’année. – L.Nardon: Ce sont
les plus riches. Ils perdent beaucoup,
mais au même titre que les Américains moyens. Ce qui est très étonnant,
c’est leur silence absolu cette semaine
pendant qu’on voit D.Trump avec son tableau expliquer
ce qu’il va faire. Le silence est d’autant
plus étrange qu’on avait l’impression,
pour le 2d mandat de D.Trump par rapport à janvier 2017,
qu’il y avait un plan très sérieux et très professionnel préparé,
ce fameux Projet 2025 dont on a tellement parlé, préparé pour D.Trump
par un think tank très conservateur. On avait vu sur d’autres sujets
que c’était très sérieux et très préparé. On a l’impression que ce n’est pas
sérieux. Le silence de ses soutiens,
ce sont plutôt les grands patrons de la tech que vous citiez,
qui, sur le fond, ne sont certainement pas d’accord. Ils sont d’obédience
plutôt libertarienne. Pour eux,
l’alpha et l’oméga de tout, c’est la dérégulation, la liberté
des flux et des échanges. Comment expliquer leur silence? Un article sortait
dans la presse américaine ces derniers jours. Je pense qu’il y a un phénomène
d’emprise psychologique de D.Trump sur ses proches. Il est très impressionnant. Quand vous tombez en disgrâce
auprès de D.Trump, non seulement vous êtes viré assez vite,
mais en plus, il a cette capacité à vous descendre en public,
à vous trouver des surnoms très humiliants. On peut penser qu’ils hésitent,
et peut-être qu’ils ont conscience du fait que rien ne peut le faire
changer d’avis. D.Trump, sur cette question
des “tariffs”, ressemble à quelqu’un qu’on voit
à un comptoir de café qui dit: “Les étrangers, les patrons
qui s’en mettent plein les poches…” Imaginez cette personne
qui, tout d’un coup, aurait tous les pouvoirs. Ils sont saisis et sidérés. Peut-être qu’ils vont se réveiller
dans quelque temps. – A.de Tarlé: Apple a vu
sa valeur boursière fondre de 526 milliards de dollars
en 2 jours. C’est considérable. On nous explique qu’Apple
fait tout fabriquer en Chine et en Inde. Les Américains vont donc taxer
leurs propres iPhone quand ils arrivent aux Etats-Unis? – E.Albert: C’est peut-être
du grand n’importe quoi sur la façon dont ça a été décidé,
mais il faut prendre ça très au sérieux. La réalité, c’est qu’on est
en train de vivre un tournant historique. Ca fait 80 ans qu’on défait
les barrières douanières, 40 ans que ça s’était accéléré,
avec un ralentissement dès la 1re présidence de D.Trump. Là, on change d’ère. 25 % de droits de douane ou 50 %
sur certains pays, ça va profondément changer
les choses, pour Apple, pour Nike… – A.de Tarlé: Un iPhone
pour un Américain vaudra 200 dollars de plus. – E.Albert: 25 % de droits
de douane à l’importation, ça fait 25 % du prix en plus. L’entreprise peut baisser sa marge. Il y a un peu de négociation,
mais les estimations, c’est que 2/3 vont passer dans les prix,
et donc… – E.Cohen: 85 % du coût
de production, c’est de la production chinoise. Si la Chine est taxée à 54 %,
le calcul est facile à faire. – E.Albert: Apple,
depuis plusieurs années, travaille à tout bouger en Inde. Ils ont un mal fou à le faire. Maintenant, les droits de douane
leur tombent dessus. Le problème va être très compliqué. Il n’y aura pas d’autre façon
que de produire à l’étranger pour Apple. Il y aura des droits de douane. Ca va coûter plus cher. – A.de Tarlé: V.Niquet,
la Chine a riposté immédiatement. Vous êtes une spécialiste. Ils l’ont fait pour montrer
que c’était un grand pays. C’est du dent Pour dent? C’est ça qui a fait chuter
la Bourse. On n’est plus dans le rationnel,
mais dans le combat. – V.Niquet: L’intégration
économique entre les Etats-Unis et la Chine
est tellement importante… Si une guerre économique s’accentue
entre les deux, ça aura des conséquences
au niveau global, et pas uniquement entre ces 2 pays. La Chine a riposté. Ils ont eu leurs 34 % annoncés. Quand on additionne
tous les droits de douane auxquels la Chine est confrontée
aujourd’hui, on dépasse les 60 %. Je n’ai jamais beaucoup défendu
la Chine ici, en tout cas les autorités
telles qu’elles fonctionnent… – A.de Tarlé: Elles vous le rendent
bien. – V.Niquet: Mais c’est
considérable. La Chine est à un moment-clé. L’économie chinoise
ne va pas très bien. La Chine n’a pas réussi
ce qu’elle annonçait depuis des années:
recentrer la croissance sur la consommation intérieure. Ils n’y arrivent pas
pour des raisons structurelles liées à la nature du système
politique, aux coûts sociaux que les gens doivent prendre
en charge. Plus qu’avant encore,
depuis quelques années, à nouveau, ce sont les exportations
vers les zones les plus développées qui tirent la croissance chinoise. Les déficits sont abyssaux. Ca n’a pas diminué
avec les Etats-Unis et l’UE. Nous, on va se retrouver
comme le déversoir des exportations chinoises
qu’ils ne pourront pas exporter vers les Etats-Unis. Le risque
de déstabilisation sociale interne pour la Chine est énorme. Des mesures doivent toucher
les compagnies comme Shein ou Temu. – A.de Tarlé: La valeur en Bourse
de Temu a chuté de 15 %. Avant, ils n’étaient pas taxés. – V.Niquet: Temu et Shein
sont des dizaines de milliers de minuscules entreprises chinoises
individuelles où les gens s’impliquent dans leur coin. Ils fabriquent des objets vendus
à très bon marché. Grâce à ces plateformes,
Ils ont eu accès au marché américain et au marché européen. S’ils sont taxés, qu’ils ne peuvent
plus exporter aussi facilement qu’avant… Il y a déjà eu des manifestations
en Chine. C’est toute une économie de survie
de cette classe moyenne, qui souffre déjà avec l’immobilier,
qui va être touchée. Les autorités chinoises
doivent donner un signal fort aux Etats-Unis, mais aussi
à leur propre population pour montrer qu’ils vont faire
quelque chose. – A.de Tarlé: E.Cohen,
on se rend compte de l’intégration entre l’Amérique et la Chine. Amazon a perdu 264 milliards
de valeur boursière en 2 jours. 70 % des produits proposés
à la vente sur Amazon viennent de Chine. – E.Cohen: Tout le monde
est en train de dire qu’on revient un siècle en arrière,
quand on a appliqué les 1res grandes mesures
protectionnistes, mais la grande différence,
c’est qu’il y a un siècle, les économies fonctionnaient
comme des silos. Vous aviez l’économie américaine,
qui faisait tout elle-même, l’économie européenne,
qui faisait tout elle-même, l’économie chinoise,
qui faisait tout elle-même, et il y avait des échanges
qui pouvaient être taxés. La nouveauté depuis un siècle,
c’est que tous les processus de production sont intriqués. Les chaînes logistiques
se sont fragmentées. Pour produire le moindre produit,
vous avez besoin de tas de composants qui viennent
de tas de parties du monde que vous devez recomposer. Si vous vous mettez à jouer
sur des taxes à des niveaux différents
à chaque stade de production pour chaque composant
qui va venir s’intégrer après dans le produit final,
ça devient ingérable. Ce qui me frappe,
c’est que les papiers qu’on lit, c’est sur le thème de la fin
de la mondialisation. – A.de Tarlé: Pour vous, c’est
ce à quoi on assiste ou ce n’est pas possible tant
elle est prégnante dans la vie de tous les jours? Ce stylo, le plastique vient
de je ne sais pas où… – E.Cohen: C’est inenvisageable. Il faut défaire
ce qu’on a construit en 80 ans. – A.de Tarlé: En une semaine? – E.Cohen: Pour les composants
automobiles, le trajet qu’il faut entre le Canada et les Etats-Unis,
entre les Etats-Unis et le Mexique, Et le Canada, vous imaginez? – A.de Tarlé: Question. C’est vrai qu’il est parti jouer
au golf vendredi alors que Wall Street
était en pleine chute… – L.Nardon:
Il est dans une croisade idéologique dans ce qu’il a fait
cette semaine. Il veut venger
les Américains moyens de décennies de trahisons
des élites économiques, réaffirmer la souveraineté
des Etats-Unis, avec cet espoir fou de réindustrialisation. Lui, il est content. C’est étonnant, on sait
qu’il est aussi attaché aux profits, non seulement
pour son propre business, mais aussi
pour ceux de ses donateurs. Il y a quelque chose
d’un peu suicidaire dans sa démarche. En même temps, ce qu’on a vu
cette semaine, les énormes “tariffs” dont vous avez parlé,
ce n’est pas non plus un coup de tonnerre dans un ciel serein. Ce tournant
contre le libre-échange, cette envie de protectionnisme,
c’est ce qu’il a appliqué pendant son 1er mandat
entre 2017 et 2020, que J.Biden avait continué
pendant son propre mandat et qu’il accélère
de manière brutale. Mais en fait, les électeurs,
ces fameuses classes moyennes… – A.de Tarlé: On va revoir
ce fameux ouvrier moustachu, un ouvrier du monde automobile,
qui a dit: “J’étais dans le Michigan. J’ai vu toutes les usines
automobiles fermer les unes après les autres
parce que c’était moins cher au Mexique. Je vous remercie, monsieur Trump. Vous allez nous faire revenir
ces usines automobiles qui sont toutes parties.” Il était touchant. – L.Nardon: C’est la croisade
idéologique de Trump, de parler à ces gens
qui ont souffert à titre personnel de cette mondialisation
qui n’était pas heureuse pour eux. Que va-t-il se passer, maintenant? C’est une prise de conscience
des électorats qui date au moins du début des années 2010,
après la crise financière de 2007-2008. Certains monstres politiques
comme Trump ont saisi celle-ci jusqu’à aujourd’hui. – A.de Tarlé:
Sur ce qu’il est en train de faire à l’Amérique, il prend
la métaphore chirurgicale, E.Albert. Il dit qu’il est en train de faire
une opération, que ça va être douloureux. “Le patient est en vie. Tenez bon. Cela ne sera pas facile,
mais le résultat final sera historique.” Quand on met les barrières,
au début, ce n’est pas grave, mais ça permet de faire renaître
des industries automobiles parties au Mexique. – E.Albert: Cet ouvrier
était touchant. – A.de Tarlé: On a la même chose
en France. – E.Albert: Le problème
de la mondialisation, c’est qu’elle fait des perdants
et des gagnants. Quand vous mettez des barrières,
vous avez quelques effets positifs. TSMC, qui fait
des puces électroniques, a annoncé 100 milliards d’investissements
aux Etats-Unis. CMA CGM a annoncé 20 milliards. Il y a des choses positives,
mais aujourd’hui, il y a aussi Stellantis
qui a suspendu 2 usines, une au Mexique et une au Canada. Toutes les autres usines
qui sont déjà aux Etats-Unis, qui ont des importations, il va arriver quoi
pour leurs composants qu’ils importent? Ca va augmenter aussi. Leurs marges vont perdre. – A.de Tarlé: Il y a une usine
dans l’Alabama qui va devoir payer plus cher pour les pièces
qu’elle importe pour fabriquer ses avions made in America. – E.Albert: Il y aura quelques
gagnants et beaucoup plus de perdants. – E.Cohen: L’absurdité, c’est
encore pire. TSMC, qui a un monopole à Taïwan
dans la fabrication des composants les plus sophistiqués, à la suite
d’efforts colossaux déployés par tous
les gouvernements américains, TSMC a accepté d’investir aux Etats-Unis
et de produire là-bas. On augmente les impôts
sur ce qui vient de Taïwan, après cela! Où est la logique? On a l’impression d’un gamin
qui joue avec son Lego et qui ne voit pas du tout
les effets de ce qu’il est en train de construire. Au moment même où TSMC transfère
son capital technologique, investit aux Etats-Unis,
va produire des composants de 2 nm, on va taxer tous les flux
qui vont venir de Taïwan? C’est n’importe quoi. – A.de Tarlé: C’est aujourd’hui
qu’entrent en vigueur les droits de douane
supplémentaires de 10 % imposés au monde entier par D.Trump. Malgré la déflagration boursière
et la riposte chinoise, le président américain
n’en démord pas. Il l’a annoncé sur son réseau:
“Je ne changerai jamais de politique.” – La guerre commerciale de D.Trump
provoque une instabilité mondiale. Face à la presse, à bord
de son avion présidentiel, le chef d’Etat américain
s’en amuse. – D.Trump: Le monde entier
veut nous avoir au téléphone. C’est beau, n’est-ce pas? Nous sommes désormais à la place
du conducteur. Si nous avions demandé
à certains de ces pays qui nous appellent
de nous faire une faveur, ils auraient dit non. Aujourd’hui, ils sont prêts à tout
pour nous. – Depuis cette nuit,
le monde entier doit payer 10 % de droits de douane
supplémentaires aux Etats-Unis. Hier, Pékin a décidé de riposter. – La Commission tarifaire
du Conseil d’Etat annonce l’imposition d’un droit de douane
de 34 % sur tous les produits importés depuis les Etats-Unis. – La décision de la Chine
sème la panique. A Wall Street,
à la Bourse de Tokyo, de Francfort, en passant
par le CAC 40. Wall Street dégringole même de 6 %
en clôture hier. Les marchés mondiaux connaissent
leur pire semaine depuis le covid. Verdict du “Wall Street Journal”:
“La mondialisation est terminée.” Cet après-midi, D.Trump tente
de rassurer les Américains. Jeudi dernier, D.Trump a sidéré
le monde entier avec son jour de la libération pourtant évoqué
pendant sa campagne, mais désormais bien réel. Dans les jardins
de la Maison-Blanche, il présente un tableau géant de pays à taxer
selon un mode de calcul un peu particulier. – D.Trump: L’UE,
très dur en affaires. Vous pensez que l’UE
est très amicale, mais ils nous arnaquent. C’est tellement triste à voir. C’est si pathétique. Ils nous prennent 39 %? Nous allons leur faire payer 20 %. – Le monde entier
est comme médusé. – L’incertitude va monter
en flèche. – Ces droits de douane ne reposent
sur aucune logique et vont à l’encontre
du partenariat entre nos 2 nations. Ce n’est pas un acte amical. – Ces taxes ont été imposées
de manière unilatérale, au mépris des règles communes. – Comment réagir face
à l’offensive américaine? La France propose de taxer les Gafam
et réunit d’urgence les chefs d’entreprise du pays
autour du président. – E.Macron: Ce qui est important, et c’est
tout le travail qu’il faut faire par filière,
c’est que les investissements à venir soient un temps suspendus
tant qu’on n’a pas clarifié les choses
avec les Etats-Unis d’Amérique. – Faut-il riposter ou négocier? Les Anglais, un peu moins taxés
que d’autres, ont fait leur choix. – K.Starmer: Le choix
qui s’offrait à nous était de nous lancer
dans des mesures de rétorsion immédiatement ou de poursuivre
notre approche calme en essayant de négocier un accord
qui atténuerait les droits de douane. Je pense que la 2e voie
est la bonne. – Mais qu’en pensent
les soutiens européens de Washington? G.Meloni propose de supprimer
tous les droits de douane. La Hongrie, elle, accuse l’Europe. – Une fois de plus, on voit
que ce sont des personnes incompétentes qui dirigent
les institutions européennes et qui souffrent également
d’une très grave Trump-phobie. – Alors qu’aux Etats-Unis,
certains s’inquiètent d’un risque de turbulences économiques. – Nous avons 60 % de chances
d’avoir une récession si les taxes ne changent pas. – Le président américain présente
la nouvelle carte verte pour millionnaires rebaptisée
“carte Trump”. – D.Trump: 5 millions de dollars. Pour 5 millions, elle est à vous. – Destinée
aux investisseurs étrangers en échange de quelques millions
et peut-être de la nationalité américaine. – A.de Tarlé: Question. La banque américaine J.P.Morgan
affirme que ces droits de douane vont représenter
la plus forte augmentation depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils parlent même d’impôt. La consommatrice américaine
qui achète un cartable pour la rentrée chez Walmart,
elle devra le payer 20 % plus cher? – E.Cohen: Il a déclaré que les mesures qu’il prenait
allaient avoir quelques inconvénients
limités dans le temps, que ça allait se traduire
par une certaine dégradation de la situation,
mais que c’était la promesse d’une reprise future
et d’un enrichissement futur comme les Américains
n’en avaient jamais gagné. Il pense qu’il est le père
d’une véritable révolution avec la substitution
en matière fiscale de la base fiscale intérieure, ce que les gens payent
en impôt sur le revenu, sur la consommation,
en une base fiscale extérieure, c’est-à-dire les taxes
qui vont être imposées sur les produits importés… Le problème,
c’est qu’il fait semblant de ne pas comprendre,
ou alors il n’a pas compris, ce qui est encore plus dramatique. A la base de tout ça,
vous avez une situation dans laquelle
le déficit commercial américain est le fruit de la consommation
des Américains. Les Américains consomment
plus qu’ils ne produisent, n’épargnent pas suffisamment. Le déficit commercial américain
est le produit de cette surconsommation
et de cette sous-production. – A.de Tarlé: Ils vivent au-dessus
de leurs moyens? – E.Cohen: Les importations
sont absolument nécessaires. Si vous les taxez, vous taxez
davantage la consommation des Américains. Un enfant de 2 ans
peut comprendre ça! – A.de Tarlé: L.Nardon, n’y a-t-il
pas un peu de protestation qui s’allume? Vous connaissez bien
la classe politique américaine. T.Cruz, sénateur républicain
du Texas, est un trumpiste? Il a dit ceci. Commence-t-il à y avoir
un peu d’interrogation au sein des républicains
sur cette politique de D.Trump? – L.Nardon: Les républicains non
Maga s’interrogent depuis bien longtemps sur Trump,
sur ses politiques et cette politique commerciale
en particulier. Ceux qui osent s’exprimer
publiquement sont très rares. Trump est très menaçant. Les électeurs aiment Trump. Les hommes politiques
du Parti républicain sont complètement coincés
entre les 2. Vous parlez de T.Cruz. Mais je voudrais dire un mot
du secrétaire au Trésor qui a dit quelque chose de très intéressant le mois dernier, S.Bessent: “Le
fait d’acheter des produits pas chers
n’est pas constitutif du rêve américain.” Il a apporté une réponse
à ce que vous venez de dire. Peut-être que les Américains
pourraient arrêter de consommer autant, notamment
autant de produits peu chers importés de Chine
parce que ce n’est pas constitutif du rêve américain, disait-il. C’est très important. Que veut-il dire? C’est le contraire de ce qu’il dit,
revenir en arrière sur l’une des composantes majeures
du rêve américain, qui est le consumérisme. Il y a des gens autour de Trump,
trumpistes, pas des libertariens, mais plutôt des populistes,
nationalistes, conservateurs, qui sont prêts à remettre en cause le modèle du rêve américain
tel qu’on l’a aujourd’hui pour aller dans le sens
de cette révolution économique de Trump dont vous dites
qu’elle ne peut pas fonctionner. Je ne sais pas très bien
comment ça va se passer. – A.de Tarlé: Question. Il y a quand même des élections. Il y a les midterms
dans un an et demi. Si ça tourne mal,
est-ce que certains se disent qu’il pourrait y avoir
un raz-de-marée démocrate? – L.Nardon: 66 % des électeurs
américains, jusqu’à présent, sont mécontents de la politique
tarifaire, douanière, de Trump. C’était avant les annonces
de la semaine. Ca devrait augmenter. Le contre-pouvoir auquel Trump doit
faire attention… On a vu que ce n’était peut-être
plus la Bourse alors qu’on pensait que oui. Ca va être l’électorat,
ce contre-pouvoir, et les résultats des élections de mi-mandat. Si le Parti républicain représenté
par Trump aujourd’hui se prend une claque dans
ces élections, il sera obligé de revenir en arrière. – A.de Tarlé: E.Albert,
vous avez vécu toute la période du Brexit car vous étiez correspondant à Londres. Voyez-vous des ressemblances
entre la promesse faite aux Anglais de lendemains merveilleux du Brexit
et ce que vivent aujourd’hui les Américains? – E.Albert: C’est même frappant. Ce qui se passe aux Etats-Unis
est 10 fois pire. “Vous allez voir,
ce sera formidable, le Brexit. On va sortir du marché européen
mais on va passer des accords de libre-échange
avec le reste du monde et ce sera extraordinaire.” 90 % des économistes
disaient que non, que le plus gros marché est à côté
et que si on en sort, on va y perdre. Ca a eu lieu. Les Britanniques
ont effectivement perdu du pouvoir d’achat,
de la croissance. A peu près 4 % de croissance. Ce qui était annoncé,
c’était vraiment mécanique. Vous sortez
de votre premier marché, vous allez perdre. Ca s’est produit. Ca va être la même chose,
probablement. On vend du rêve à des gens
qui étaient mal à l’aise économiquement et socialement
au Royaume-Uni. A la fin, c’est n’importe quoi. – A.de Tarlé: V.Niquet,
il n’y a pas qu’à la Chine que D.Trump s’en prend. Il s’en prend aussi au Laos,
au Cambodge. Je crois que c’est 49 % de droits
de douane pour le Cambodge. Il y a aussi le Vietnam. Tous ces pays d’Asie du Sud-Est
ont été particulièrement maltraités par D.Trump. Il leur reproche de trop exporter
aux Etats-Unis? – V.Niquet: D’avoir des taxes
trop importantes. C’est la réciprocité, paraît-il. Ce qui est caractéristique
de ces pays, si on met de côté les pays les plus pauvres,
comme en Afrique, avec Madagascar… Il y a une sorte de logique
dans la mesure où il y a déjà plusieurs années, depuis le premier mandat de Trump
et ensuite Biden, la Chine a beaucoup délocalisé sa production
pour des raisons d’augmentation du coût de la main-d’oeuvre
en Chine, vers les pays les plus pauvres, qui ont en plus
des régimes politiques… La Chine contrôle pratiquement
le Laos et le Cambodge. Beaucoup moins le Vietnam,
mais le Vietnam est très ouvert d’un point de vue économique. La production chinoise s’est
délocalisée. Taxer ces pays est une manière
d’éviter que la Chine échappe aux taxes en multipliant
encore plus ses délocalisations en direction de pays
comme le Laos ou le Cambodge. – E.Cohen: Il faut voir
ce qui est à la base de tout ça. On parlait tout à l’heure
d’économie du père Ubu. Vous savez comment on calcule
le niveau des taxes? – A.de Tarlé: D.Trump affirme
que nous taxons les produits américains à 39 %. – E.Cohen: En fait, il prend
le déficit bilatéral qu’il rapporte au volume des importations
et il multiplie par 100. Il dit que ça,
c’est le taux d’imposition que le pays subit. C’est n’importe quoi. – A.de Tarlé: Comment ils font, dans les universités américaines
d’économie? – L.Nardon: Il paraît
que ce calcul, on le trouve quand on pose la question
à ChatGPT. – A.de Tarlé: La rumeur
est que ce tableau a été fait par l’IA d’E.Musk. – E.Cohen: Je ne confirme pas
du tout. C’est une théorie qui consiste
à dire qu’on va déterminer le taux d’imposition implicite
en voyant le rapport entre le déficit et le volume
des importations. Sauf qu’il y a des tas de facteurs qui expliquent le déficit
et le niveau d’importation. Ce n’est absolument pas
une mesure de taxation implicite. – A.de Tarlé: Et puis il y a le cas
de nos territoires ultramarins qui sont taxés tous différemment. 37 % à La Réunion,
mais la Martinique et la Guadeloupe échappent
à ces taxes et sont à 10 %. – E.Cohen: Vous prenez un pays
qui n’exporte que des matières premières
et qui est tellement pauvre qu’il ne peut rien importer
des Etats-Unis. C’est un pays qui taxe
à 60 ou 70 % les Etats-Unis alors que c’est un pays pauvre
qui se contente uniquement d’exporter la seule matière
première dont il dispose aux Etats-Unis. C’est une immense régression
intellectuelle. – E.Albert: Ce que D.Trump fait,
outre qu’il revient sur 80 ans de mondialisation,
c’est que c’est la fin du multilatéralisme. C’est la loi du plus fort. Vous êtes le Cambodge,
je vous écrase avec 50 % de droits de douane. Le Lesotho,
“je ne vous connais pas, c’est pas grave,
c’est 50 % de droits de douane”. La Chine pourra peut-être répondre,
peut-être quelques autres pays. Le Cambodge et le Laos,
ça va être difficile. – E.Cohen: Ce n’est pas
du multilatéralisme. Il y avait une règle
dans le commerce international depuis 40 ans, 50 ans,
qui était d’accorder des avantages commerciaux aux pays
sous-développés pour leur permettre, par leurs
exportations, d’amorcer une spirale de développement. C’est ça qu’il remet en cause
en s’attaquant au Cambodge, au Laos et aux pays africains. Vous êtes pauvres,
vous n’avez pas de quoi vivre, vous pouvez
crever la gueule ouverte. Vous ne pouvez même pas,
par vos exportations, vous enrichir pour amorcer
la spirale du développement. – A.de Tarlé: Alors que D.Trump
poursuit sa guerre commerciale, la Chine continue de préparer une attaque sur Taïwan. Mercredi, l’armée de Xi Jinping
a mené des exercices militaires de grande ampleur autour de l’île. Des manoeuvres dénoncées
par la Maison-Blanche sans qu’on sache si le président
américain volera au secours des Taïwanais
en cas d’invasion chinoise. – Des centaines de soldats,
des tirs réels de longue portée. Des dizaines d’avions
et de navires de guerre. Mercredi matin, Taïwan s’est réveillée encerclée
par l’armée chinoise. Des manoeuvres visant à simuler
un blocus total de l’île, que Pékin considère
comme une province. – Taïwan
est une partie inaliénable du territoire chinois. La question de Taïwan
est une affaire purement interne et n’admet aucune
ingérence extérieure. La Chine finira par être unifiée. C’est historique et inévitable. – La démonstration chinoise
a eu lieu dans le détroit de Taïwan, une zone essentielle
pour le trafic maritime mondial. Les images Fournies
par la télévision d’Etat comportent aussi une caricature
de mauvais goût, qualifiant le président taïwanais
de parasite. Il est représenté sur cette vidéo
en train de brûler dans la destruction totale
de l’île. A ces provocations,
Taïwan a répliqué en déployant son propre arsenal militaire. – La Chine perturbe la paix
et la stabilisation de la région. Elle défie ouvertement
l’ordre international au point d’être largement désignée
par tous comme un fauteur de trouble. – L’inquiétude grandit à Taipei,
où les habitants se préparent de plus en plus sérieusement
à une invasion. La Chine semble passer
à la vitesse supérieure. – La Chine serait en train
de recruter des espions à Taïwan dans le but de mener
une insurrection armée et même de former des snipers
qui pourraient agir en cas d’invasion. – Face au risque d’escalade,
Washington a condamné les dernières manoeuvres
chinoises, mais sur un ton pour le moins désinvolte. – Alors,
le Conseil national de sécurité m’a briefée ce matin… Le président souligne l’importance
de préserver la paix dans le détroit de Taïwan,
d’encourager une résolution pacifiqu et de réitérer notre position …notre opposition
à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo
par la force. – Les dernières provocations
de Pékin apparaissent en fait comme une manière de tester
la volonté de l’administration de D.Trump. Protectionniste, nationaliste,
irait-il défendre Taïwan en cas d’attaque? L’été dernier, en pleine campagne
présidentielle, il insinue le contraire dans une interview
au magazine “Bloomberg”. Comme avec lui tout n’est
qu’histoire de gros sous, Taïwan a essayé de s’attirer
les faveurs du président américain avec la promesse
de lourds investissements aux Etats-Unis. 100 milliards de dollars annoncés
par le géant technologique taïwanais TSMC en mars dernier. Cela sera-t-il suffisant? – Que changera cet investissement
sur l’industrie technologique si la Chine décide d’envahir Taïwan? – D.Trump: Ce serait
un événement catastrophique, mais cela nous donnerait au moins
un avantage, où nous aurons de très grands investissements
aux Etats-Unis dans ce secteur très important. Cela aurait un impact important
si quelque chose devait arriver à Taïwan. – Sans pitié, D.Trump a non
seulement inclus Taïwan dans son tableau
de taxes douanières, mais il lui a réservé
un des taux les plus élevés, en 4e position, à 32 %. – A.de Tarlé: Question. V.Niquet? Je me mets
à la place des Taïwanais. Ca veut dire
qu’une attaque est imminente? – V.Niquet: Non, je ne pense pas. En revanche, on va voir
une multiplication des exercices du côté chinois. Ca a déjà lieu depuis 2021. Ils s’entraînent. Ils ont considérablement développé
leurs capacités navales. Il faut en tenir compte. Mais s’attaquer à Taïwan
avec ce point d’interrogation de savoir ce que ferait Trump… Mais perdre Taïwan, ce n’est pas
uniquement perdre les semi-conducteurs,
c’est aussi perdre le verrou qui empêche la Chine d’accéder
librement au Pacifique, et donc à la 7e flotte. Stratégiquement,
Taïwan est essentiel pour les Etats-Unis. Ca ne veut pas dire que Trump
enverrait forcément des boys mourir pour Taïwan. Il y a d’autres moyens
à plus longue distance de s’investir. Le point d’interrogation existe. Pour les Chinois, ce serait faire
un pari et prendre un risque considérable de s’attaquer
à la 1re puissance militaire dans le monde, les Etats-Unis,
en ne sachant pas s’ils bougeraient. Pékin, aujourd’hui,
même si Xi Jinping passe son temps à dire
qu’il faut que l’Armée populaire de libération soit prête au combat
et à remporter la guerre… On n’est pas certains qu’en cas
de combat réel… Là, ce sont des exercices. En cas d’invasion,
il faut traverser ces 190 km de mer entre le continent et le détroit. Un jour ou l’autre, il faut bien
prendre pied à Taïwan. C’est très difficile
à mettre au point. Pékin ne peut pas être absolument
certain de remporter la guerre. Si la Chine est défaite… – A.de Tarlé: Poutine,
on n’y croyait pas quand il faisait ses trucs au Donbass. Il est passé à l’attaque
et on a été sidérés. On se dit qu’on va se réveiller
comme en février 2022. – V.Niquet: On ne peut pas écarter
ce genre d’événement, surtout si D.Trump
disait aux Chinois: “On fait un deal, allez-y,
je ne bougerai pas.” Mais la situation géopolitique
entre l’Ukraine et la Russie… On voit les difficultés
de la Russie d’avancer facilement en Ukraine alors que c’est
une plaine sans frontières réelles. Pour la Chine, c’est une énorme
opération logistique, navale, aérienne pour débarquer à Taïwan
avec une fenêtre de tir très limitée. Parce que la Chine
ne peut pas s’emparer des problèmes internes à l’APL,
on ne sait pas où en est la loyauté véritable de l’APL… C’est l’Armée populaire
de libération chinoise, dont on sait qu’il y a
en permanence des scandales de corruption. Puisque les Chinois ne peuvent
peut-être pas se lancer dans une véritable conquête
de Taïwan car ils auraient peur d’un échec, qui serait coûteux
pour le pays et pour la stabilité politique
en Chine, au contraire, ils multiplient
les pressions psychologiques avec ces manoeuvres constantes destinées à faire peur à Taïwan… Ca n’a pas beaucoup d’effet,
les Taïwanais s’habituent. Il s’agit surtout de faire peur
aux alliés des Etats-Unis, à commencer par le Japon,
qui est aussi soumis à des pressions économiques
très fortes de la part de Washington
avec des taux d’imposition à plus de 20 % et qui,
comme la Corée du Sud, a tendance à se rapprocher de Pékin. – A.de Tarlé: On sait
que pour les Américains, leur sujet, ce n’est plus l’Europe
et la Russie, mais la Chine. D.Trump n’a qu’une obsession:
ne pas se faire dépasser par la Chine. Est-ce ça, l’obsession
à Washington? – L.Nardon: C’est l’obsession
depuis les années 2010 et B.Obama, l’idée que la Chine
allait les dépasser du point de vue économique
et devenir menaçante d’un point de vue géopolitique. C’est ce qu’il s’est passé
jusqu’au covid, où les problèmes économiques
chinois ont fait s’éloigner dans le temps la perspective
d’un dépassement économique des Etats-Unis par la Chine. Je parle sous le contrôle
de V.Niquet. Quelque chose d’intéressant
se passe depuis l’investiture de D.Trump. On le savait hostile à la Chine
pendant son premier mandat. Les démocrates et républicains
sont sur la même ligne. Là, depuis janvier,
il est assez silencieux sur le sujet de la Chine. Si on voit
qu’il est assez silencieux, qu’il en veut à Taïwan
parce qu’ils produisent des semi-conducteurs et qu’ensuite,
il soutient des pays qui envahissent d’autres pays
comme la Russie avec l’Ukraine, tout ça nous donne une perspective
plus inquiétante. Eventuellement, il pourrait laisser
faire la Chine qui envahirait Taïwan,
mais je ne suis pas sûre. Ce serait donner à un adversaire
des Etats-Unis une puissance géopolitique immense. Je ne pense pas
qu’il irait jusque-là. Son silence sur le sujet
de la Chine est lié au fait que comme les démocrates
sont d’accord avec lui sur ce sujet, ce n’est pas
un sujet clivant. Ca ne l’intéresse pas. Il ne va pas gagner
de points politiques à parler de la Chine. – A.de Tarlé: La Chine montre
qu’elle n’a pas peur des Etats-Unis. Elle a répliqué, d’où ce joli titre
de “Libération”, “La Chine contre-attaxe”. Question. – E.Cohen: C’est l’Europe
qui est excédentaire par rapport aux Etats-Unis. Elle exporte plus de biens
qu’elle n’importe de biens des Etats-Unis. – A.de Tarlé: C’est ce que reproche
D.Trump. – E.Cohen: On peut bien taxer
les biens américains qu’on importe, ça ne va pas changer le problème. Le vrai problème,
c’est que nous, Européens, nous avons un très grand déficit
sur les services par rapport aux Etats-Unis. – A.de Tarlé: La finance,
le numérique. 108 milliards de déficit. – E.Cohen: La logistique,
le conseil, les transports. C’est là que se trouve l’enjeu. Il y a une matière taxable. – A.de Tarlé: C’est
plus intelligent de taxer les Gafam que le soja ou le gaz américain. – E.Cohen: Exactement. C’est ce sur quoi les Européens
travaillent actuellement. C’est ce qu’a dit U.von der Leyen
l’autre jour: comment imaginer une taxation intelligente
qui ne se retourne pas contre nous en matière de services numériques? Pour le moment, la solution
n’est pas sortie de manière évidente. Un service
ne passe pas une frontière. Vous ne pouvez pas avoir quelqu’un
qui vous dit, au moment du passage de la frontière,
que vous allez payer telle taxe. Va-t-on taxer le chiffre d’affaires
que fait en Europe Facebook? Va-t-on s’intéresser de près
à l’Irlande, qui est devenue un paradis fiscal
pour les services américains? C’est un sujet compliqué. Les Européens y travaillent. U.von der Leyen nous a promis
qu’avant la fin du mois, elle viendrait avec des solutions. – A.de Tarlé: Ces géants de la tech
siphonnent tout l’argent de la publicité en Europe,
font énormément de bénéfices au détriment
de nos vieilles institutions, comme dans la distribution,
Carrefour, etc. Y a-t-il un moyen de rétorsion? – E.Albert: On a un marché
de grande taille. On a les moyens,
d’un point de vue économique, de répondre. La politique commerciale
est une compétence de Bruxelles, donc il n’y a pas de problème
de 27 pays qui discutent et qui ne sont pas d’accord. La 2e bonne nouvelle,
c’est qu’on s’est armés juridiquement, depuis Trump I,
avec de nouveaux instruments de réponse. Avant, à droits de douane,
il fallait répondre droits de douane. On n’avait pas le choix. On a développé
l’instrument anticoercition, qui permet à des droits de douane
de répondre avec des taxes sur les Gafam ou suspendre
la propriété intellectuelle. – A.de Tarlé:
Nous sommes une colonie numérique américaine et il y a peut-être
un moyen que le colonisé se révolte. – E.Albert: Ca peut faire mal. Les Gafam font beaucoup d’argent
en Europe. – A.de Tarlé: Un quart
de leurs recettes viennent d’Europe. En Chine,
ils ont leurs propres Gafam. Nous, on a les Gafam américains. – V.Niquet: Je ne sais pas
si c’est un modèle. Leurs Gafam exportent, TikTok, etc. La différence entre l’Europe
et la Chine, c’est que les taxes chinoises
vont porter sur des produits agricoles qui sont
les principales importations. Les Chinois vont taxer
le blé américain. Un peu d’énergie aussi. Dans les 2 cas, les Chinois
ont des solutions de rechange. Ils ont déjà commencé
les importations de produits agricoles. En Chine, ça a diminué de moitié
l’an dernier. Ils achètent plus à l’Argentine,
au Brésil, en Amérique latine. Quant à l’énergie, la Russie
est prête à leur fournir plus de pétrole. Ils ont une solution de rechange. Pour le moment,
c’est compliqué pour nous. – L.Nardon: Ne faut-il pas penser
à un contrôle des capitaux européens
qui iraient s’investir aux Etats-Unis? – E.Cohen: Dans une balance des paiements, vous avez le marché
des biens, des services, et vous avez
les mouvements de capitaux, et notamment
les revenus des capitaux. – A.de Tarlé: Il paraît
qu’ils reviennent en Europe. – E.Cohen: Une réflexion
très embryonnaire a été amorcée. Elle consiste à dire:
“Ne pourrait-on pas interdire à un investisseur étranger
d’investir dans tel ou tel secteur ou telle ou telle entreprise?” Jusqu’à présent, il n’y a pas
d’autorisation préalable. On regarde s’il y a des intérêts
fondamentaux en cause… – A.de Tarlé: Empêcher
les Américains de racheter nos entreprises? – E.Cohen: Pire encore,
essayer de contrôler les dividendes qu’ils touchent et rapatrient
aux Etats-Unis. Ca fait partie
de la balance des capitaux, ça. – A.de Tarlé: On va être créatifs
en mesures de rétorsion. C’est une autre victime de la prise
de pouvoir de D.Trump: l’Usaid, qui gère 42 % de l’aide humanitaire
dans le monde. Depuis quelques semaines,
une partie de son personnel a été renvoyée et ses budgets gelés
par le Doge d’E.Musk chargé de couper dans les dépenses
de l’administration américaine. -28 mars 2025. Un puissant séisme fait trembler
la Thaïlande et la Birmanie. Sous les décombres,
des milliers de victimes. Très vite, l’aide internationale
s’organise. La Chine, la Russie et l’Inde
envoient rapidement de l’aide dans les pays sinistrés. Mais l’Usaid,
l’aide humanitaire américaine, habituellement en première ligne,
tarde à arriver. C’est la conséquence directe
d’un décret signé par D.Trump, 2 mois plus tôt. Dès son arrivée
à la Maison-Blanche, le président décide de suspendre
tous les programmes d’aide étrangère des Etats-Unis
pendant 90 jours. – D.Trump: L’Usaid
est très corrompue. Elle est incompétente
et très corrompue. – Une mesure radicale
aux effets dévastateurs. L’Usaid, c’est 42,8 milliards
de dollars de budget annuel, représentant à lui seul
40 % de l’aide humanitaire déboursée dans le monde. L’agence américaine
mène des missions humanitaires dans près de 150 pays. Des chiffres colossaux. Trop pour D.Trump,
fervent défenseur de l’Amérique d’abord. Alors lui et son gouvernement ont décidé d’entrer en guerre
contre l’Usaid, jusqu’à propager de fausses informations. – On a gelé l’aide étrangère. C’est une mesure très importante. On a découvert que 50 millions
de dollars du contribuable allaient être consacrés
au financement de préservatifs à Gaza. C’est un gaspillage grotesque
de l’argent des contribuables. – Et E.Musk,
chargé par le président de couper dans les dépenses de l’Etat, s’y
met aussi. Sur X, le milliardaire
ne retient pas ses coups contre l’Usaid. Le 3 février dernier, E.Musk porte
le coup de grâce et annonce la fermeture de l’agence. Limogés du jour au lendemain,
les employés sont descendus dans la rue pour protester
contre cette fermeture brutale. – Nous devons résister. Nous devons le faire dans la rue. Nous devons
prendre toutes les actions nécessaires pour empêcher
ce qui est en train d’arriver. E.Musk n’a aucun droit. Il faut résister
dans tout le pays. Nous ne devons pas
le laisser faire. – Mais c’est sur le terrain que la fermeture de l’Usaid
se fait le plus ressentir. L’Afrique du Sud
est l’un des plus importants bénéficiaires
du programme américain de lutte contre le sida. Le gel des subventions fait monter
la crainte d’une reprise de l’épidémie. – Le problème immédiat,
c’est que soudainement, les patients
ne peuvent plus accéder à leur traitement contre le VIH. L’effet de cette action fait
que ça détruit la crédibilité du gouvernement américain. – Un désengagement humanitaire
qui a même poussé D.Trump à se retirer de l’OMS. Les Etats-Unis
étaient le plus grand contributeur à son budget, trop selon
le président. – D.Trump: Nous avons versé
500 millions de dollars à l’OMS. J’y ai mis fin
lors de mon premier mandat. La Chine compte 1,4 milliard
d’habitants. Nous en avons 350 millions. Eux ne payaient que 39 millions
de dollars. Cela me semblait un peu injuste. – Mais il reste un dernier espoir
pour l’Usaid. Un tribunal fédéral américain
a déclaré sa suppression probablement inconstitutionnelle. – A.de Tarlé: C’est très triste
de voir l’Amérique couper ces budgets. Mais on réalise avec ce sujet qu’ils avaient
une énorme politique humanitaire, les Américains. 42 % de l’aide
humanitaire mondiale. – L.Nardon: C’est l’un des grands
instruments du soft power américain depuis des décennies. Ils ont fait beaucoup de bien
partout dans le monde. C’est vrai qu’il y a un peu
d’inefficacité dans certains programmes. Il y a certainement
de la corruption dans les pays qui reçoivent l’aide. Mais est-ce une raison
pour tout couper? Pour Trump, oui. Il est dans
une démarche idéologique d’égoïsme nationaliste. Aider les autres, c’est terminé. Il est tout à fait
d’accord avec ça. Ca ne le dérange pas du tout. – E.Cohen: Le plus impressionnant,
c’est que non seulement cette aide directe des Etats-Unis
est importante, et elle est décisive pour la lutte
contre le sida, contre la malnutrition, mais on a découvert
à cette occasion que l’Usaid aidait également des tas d’ONG
européennes, africaines et autres. Il y a l’action directe
mais aussi indirecte. Qu’est-ce qui justifie que l’Usaid
aide des ONG européennes? – A.de Tarlé: De ce point de vue,
elle peut être trop écoutée? On savait qu’on allait
de surprise en surprise avec cette administration. Alerte AFP, 18h29: “E.Musk dit
espérer une zone de libre-échange entre l’Europe
et l’Amérique du Nord”. Va comprendre, Charles… 2 jours après que son patron
a érigé des barrières à 20 %, E.Musk souhaite le contraire. Cela veut-il dire qu’il n’est
plus du tout en odeur de sainteté et qu’il est
à 2 doigts de se fâcher? Il a perdu 128 milliards de dollars
en Bourse depuis le début de l’année. – L.Nardon: Il y a toujours eu
un problème idéologique entre lui, libertarien,
et les nationalistes populistes autour de Trump. – A.de Tarlé: Lui,
les droits de douane, ce n’est pas son truc. – L.Nardon: On voulait comprendre
pourquoi tous les libertariens et les grands patrons autour
de Trump s’étaient tus cette semaine alors qu’il annonçait ses tariffs
délirants dont il a parlé, en début d’émission. E.Musk sort du silence. – A.de Tarlé: Sa plus grande usine
est en Chine, je crois. Les Tesla qu’on achète en Europe
viennent en grande partie de Chine. – L.Nardon: Mais là, il parle
d’une zone de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Nord. – V.Niquet: Il avait annoncé
qu’il avait quasiment terminé sa mission, qu’il allait quitter… – L.Nardon: Il a toujours dit
qu’il ne resterait pas très longtemps, qu’il allait rester
jusqu’à l’été. On est début avril. – A.de Tarlé: Cette administration
américaine est illisible? – E.Cohen: L’une des idées
qui circulaient ces derniers temps, c’était que les Européens prennent
contact avec le Japon, la Chine, et fassent une grande zone
de libre-échange excluant les Etats-Unis. Les Etats-Unis sont devenus
les fauteurs de troubles. Il y avait des enjeux économiques
importants, mais aussi politiques et géopolitiques majeurs. Le danger devait être conjuré,
je crois. L’idée d’un pacte transatlantique,
ça a été négocié pendant très longtemps. – A.de Tarlé: On n’était pas loin
des zones de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe. – E.Cohen: On était à 2 doigts
d’aboutir il y a quelques années, quand ça a été rangé. – E.Albert: L’une des façons
d’interpréter… E.Musk a dit beaucoup d’âneries,
depuis quelques mois. Je ne sais pas ce que ça vaut. D.Trump est dans une approche
de négociation. Il fait peur. Il revient un peu en arrière. – A.de Tarlé: Quand il dit
qu’il ne changera pas de politique, c’est peut-être du bluff? – E.Albert: 25 %, c’est plutôt
du 12,5. Est-ce qu’il va revenir un peu
en arrière? Vu ce qu’il a annoncé,
on est très loin d’une zone de libre-échange
entre l’Europe et les Etats-Unis. On est plutôt sur des barrières
à 21 %. – E.Cohen: Depuis une semaine,
des négociations sont en cours entre l’Europe et les Etats-Unis. Il y a des représentants de l’UE
qui négocient aux Etats-Unis. – A.de Tarlé: On revient
à vos questions. Question. Bon… – E.Albert: L’une des choses
très sidérantes, c’est les conflits d’intérêts. Ce président en profite
pour faire fortune de façon personnelle. Il lance un jeton Trump… C’est pareil pour E.Musk
et les autres. – A.de Tarlé: Même Melania
a son propre jeton. – E.Albert: C’est de la corruption
au plus haut niveau. C’est sidérant. Pour l’instant, il en profite. – A.de Tarlé: Si je veux demander quelque chose à D.Trump,
je peux acheter l’un de ses jetons et il va voir que je lui ai donné
mon obole? – E.Albert: Quand vous étiez
un homme d’affaires qui voulait négocier,
un dîner à Mar-a-Lago avec D.Trump, ça se paye. – A.de Tarlé: Question. – E.Cohen: La réaction des Bourses
européennes donne une réponse. J’ai été très frappé de voir que Milan perdait 7-8 %,
Francfort, 5 à 6 %, Paris, 4 à 5 %. – A.de Tarlé: Question. – E.Albert: Les droits de douane
sont plus payés par les plus pauvres. C’est une taxe à la consommation. Les estimations
de l’université de Yale étaient autour de 4 %
de pouvoir d’achat en moins pour les pauvres et à peu près 1 à 2 % en moins
pour les riches. – L.Nardon: Ca vient après
plusieurs années d’inflation. Walmart a eu des problèmes
sur le prix des oeufs. C’était le cas pour un bon nombre de produits
de première nécessité pour les consommateurs. C’est directement lié
à la politique de Trump. Avant, c’était plutôt lié
à l’inflation de Biden. Il y a la possibilité
d’un décrochage de Trump dans les sondages… – A.de Tarlé: Si l’inflation passe
à 4 à 5 %? – L.Nardon: Ils ont tellement blâmé
Biden avant… – A.de Tarlé: Question. On disait que la mondialisation
était allée trop loin avec ces containers
qui faisaient 3 à 4 fois le tour de la Terre avant d’arriver
dans notre frigidaires. Ca ne vous inspire pas? – E.Cohen: Non. – A.de Tarlé: On appelle
ça la souveraineté, la relocalisation? – E.Cohen: Il y a plusieurs
facteurs qui jouent. Quand vous regardez ce qui se passe
aux Etats-Unis actuellement, et je lisais une interview hier
d’une ancienne leader des démocrates au Sénat… “Nous dépendons,
pour notre approvisionnement en médicaments, de la Chine
et de l’Inde. Est-ce normal que cela se passe
ainsi?” Il y a un début
de réindustrialisation pour des motifs de souveraineté. C’est la petite dimension positive
dans tout ce qui est en train de se passer. On est en train de considérer,
filière par filière, ce que sont les trous
acceptables et inacceptables dans les fournitures. D’autant qu’aujourd’hui, l’attitude
de la Chine fait qu’on n’est pas du tout sûrs que ce serait
une pure logique commerciale qui continuerait à se manifester
dans la fourniture des principes actifs
pharmaceutiques, d’où la tentative
de réindustrialisation en France et aux Etats-Unis
en matière pharmaceutique. – A.de Tarlé: Face
à une administration américaine jouant les bad boys, les Chinois
se disent qu’ils ont un coup à jouer en apparaissant
comme le pays responsable? Ils ont baissé
d’un ton sur le cognac. – V.Niquet: Ils ne vont pas
s’en priver à l’égard des Européens
et aussi à l’égard de leurs voisins au Japon. Il y a un peu plus d’une semaine,
il y a eu une réunion des ministres de l’Economie
japonais, sud-coréen et chinois. On connaît les tensions
entre ces pays. On a tendance à les oublier. Les Chinois se présentent
comme étant très raisonnables, stabilisateurs. Il faudrait que l’UE fasse
attention. Quand on parle de libre-échange
avec les Chinois, on a aussi un déficit considérable
avec eux. Il ne faudrait pas abandonner
toute vigilance à l’égard de nos intérêts quand on négocie
avec la Chine. Les Chinois ont envahi
les marchés européens en matière d’énergie verte. Il ne faudrait pas
oublier tout ceci au nom d’un front unique
face à l’offensive de Trump. On pourrait se diriger vers cela. – A.de Tarlé: Question. Un silence… – E.Cohen: Comme on l’a dit
depuis le début, la construction même
de cette politique est incohérente. Elle est contradictoire. Ce qui est dans les tuyaux
actuellement, c’est plus d’inflation,
moins de croissance et même un risque de récession. Avec ça, je ne vois pas
comment il peut estimer qu’il a gagné son pari. – A.de Tarlé: Question. Réponse: oui. C’est
sur cela que se termine l’émission. Merci à vous. Restez sur France 5. A suivre,
“C l’hebdo” avec A.Casse. Bonsoir. Au programme? – A.Casse: Bonsoir. Vous vous demandez sûrement quelles conséquences
la guerre commerciale enclenchée par D.Trump va avoir
sur notre économie et sur notre pouvoir d’achat. Quels sont les prix qui vont
le plus augmenter et quand? On en parle dans un instant
avec M.-E.Leclerc. Il sera notre invité,
avec l’économiste E.Heyer. Vous verrez des images
exceptionnelles. Nous irons dans l’une des pires
prisons du monde, celle du Salvador,
où sont emprisonnés les plus dangereux criminels
du pays.
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Trump : le monde au bord de la crise de nerfs
Deux jours après le choc provoqué par Donald Trump, qui a imposé des tarifs douaniers de 20 % à l’Europe, 34% à la Chine ou encore 24 % au Japon, la planète économique est groggy. Les dirigeants hésitent entre négociation et riposte. Quelles que soient les décisions qui seront prises dans les jours et semaines à venir, les marchés financiers ont, eux, déjà envoyé un signal extrêmement négatif. Ils ont en effet dévissé jeudi et vendredi. Partout, y compris aux Etats-Unis, les bourses ont perdu entre 3 % et 6 % chaque jour.
Les premiers perdants sont les consommateurs américains. Ces barrières douanières vont se retrouver dans les hausses de prix. La Fed, la Réserve fédérale américaine, prévoit une chute de la croissance nationale, voire même une récession, ainsi qu’une augmentation des prix.
Alors que Trump est actuellement tout occupé à sa guerre économique, il délaisse le rôle, longtemps dévolu à son pays, de gendarme du monde. Et la Chine en profite. Pékin continue de mettre une pression maximale sur Taiwan. Des exercices militaires très impressionnants ont eu lieu autour de l’île cette semaine. L’armée chinoise a en effet lancé des manœuvres mimant le blocage des voies d’approvisionnements maritimes et aériennes de “l’île rebelle”, afin de faire monter la pression sur Taipei. Elle a même diffusé mardi une vidéo montrant ses bâtiments de guerre et ses avions de chasse encerclant Taïwan, avec le titre “Ça se rapproche”. Un message envoyé aussi à Washington.
Car le frein que constituait l’annonce américaine de protéger Taiwan commence à s’affaiblir. Donald Trump, qui ne veut plus jouer au protecteur, pourrait laisser les mains libres à Xi Jinping. Le dirigeant chinois n’a de son côté jamais caché son ambition d’unir à la Chine cette île considérée comme la 23ème province du pays.
Aux Etats-Unis, la politique de coupe dans les budgets publics se poursuit. Ces réductions drastiques ont récemment ciblé l’USAID. L’annonce par le Secrétaire d’Etat Marco Rubio de la suppression de 83% des programmes soutenus par l’agence américaine de développement a ainsi provoqué un choc planétaire. Il s’agit d’un véritable cataclysme pour le secteur humanitaire. Beaucoup d’ONG se retrouvent désormais sans moyens de financer tous leurs travaux. De nombreux programmes vont être purement et simplement mis à l’arrêt à Gaza, en Asie ou en Afrique. Sur ce continent, la plus grande perte sera celle du financement des programmes de prévention, de dépistage et de traitement du VIH.
Ces coupes décidées par l’Administration Trump pourraient ainsi coûter la vie à des millions de gens dans le monde, a mis en garde en mars le chef de l’Organisation mondiale de la santé. L’agence a elle-même déjà commencé à réduire ses dépenses après que les Etats-Unis aient annoncé leur retrait. Washington était jusqu’alors le principal bailleur de fonds de l’OMS, contribuant à environ 20 % de son financement total.
La chute des bourses peut-elle forcer Donald Trump à revoir sa politique douanière ? Les Etats-Unis vont-ils laisser la Chine s’emparer de Taiwan ? Quel avenir pour les nombreuses ONG privées du financement américain ?
Les experts :
– Élie COHEN – Économiste – CNRS
– Laurence NARDON – responsable du Programme Amériques de l’Institut français des relations internationales
– Éric ALBERT – Journaliste – Le Monde
– Valérie NIQUET – Spécialiste de l’Asie – Fondation pour la Recherche Stratégique – Autrice de “Taïwan face à la Chine : demain la guerre ?”
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Diffusion : tous les jours de la semaine à 17.40
Format : 65 minutes
Présentation : Caroline Roux et Axel de Tarlé
Production : France Télévisions/Maximal Productions
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Trump préfère que la finance perdent pendant un temps , mais que les droits de douanes et la fiscalité favorable aux relocalisations donnent du travail ,et une dynamique économique plus utile et moins exclusivement financières, jusqu'a ce que le moral des travailleurs remontent ,puis la finance reprendra . Certes la finance aura perdu une partie de sa capitalisation, mais les forces vives redonneront quelque chose au pays dont il a plus besoin : une émulation au travail ,basé sur la confiance à un état qui a fait ce qu'il faut pour rendre compétitif le travail des nationaux et des immigrés légaux.
On doit envoyer les pièces moins chères couler les usines et les entreprises prendre le monopole après augmenter les prix il fabrique rien laisser dormir ils seront pauvre demain ils n'auront pas l'argent pour payer 5 million de soldat laisser dormir naïf
Très bien cette fin de la mondialisation .
Les américains retourneront à leurs plouqueries !
La France, l'allemagne, l'angleterre,les pays gauchiasses sont au bord de crises de nerfs. Hihihi
Il faut nous dire la date dans le titre!
La c rose de nerf : il ne faut pas exagérer attention! ⛔️
C'est moi on s'est passé date ?? La bourse a remonté
On les voie les patriotes, accroches a leurs bourses et non pas aux valeurs reelles pour remonter leur pays. Lorsque l on veut redresser un pays en pleine crise il faut etre pret a des sacrifices, c est une chose que nous devons apprendre en France en commencant par virer tout nos crapules de politiques et suivre de plus pret ce que fait Giorgia Meloni … vous savez la petit facho d hier !!
Tout cela est stupéfiant ! Donald Trump est vraiment trop marrant : il veut transformer le monde entier en 51e État des États-Unis 😂. le mec viens à peine de faire 100 jours, il a chamboulé le monde il veut sauver son pays en mettant les autres dans la pire des états😅.lol😊 Comme dirait le gars de la série Code Quantum : "Oh bravo !" Dans cette série culte, le docteur Sam Beckett voyage dans le temps pour corriger des erreurs. Une parodie récente imagine qu’il tenterait d’empêcher Donald Trump d’entrer en politique, sauvant ainsi le monde et pouvant enfin rentrer chez lui après 40 ans d'errance dans le temps.😅😂 C'est incroyable.😂 Et je n'ai jamais vu ça !😂. 🎉😂…
chodorkowsky versus putin,bezos vs trump-are you following me,mes amies ?
Un vieux truc qui date d´il y a un mois, présenté il y a 5 heures !!
Plus bon à rien votre truc !!
Alors voilà 🤮🤮🤮
C DANS L´AIR ?
NON !!!!
C DANS LES CHIOTTES !!!
Bande de mécréant
Putaclic !!
Trop dur de dater votre doc ?
5 heures, ah oui, un truc qui remonte un mois en arrière !
Vous rendez vous compte de vos titres falacieux ?
Pourquoi pas :
LA GUERRE MONDIALE DÉCLARÉE
alors qu´il s´agirait
d´un doc sur la seconde guerre mondiale…..
Vous êtes horribles et moches les Français !
Le doc peut étre interessant, mais sans date, il n´est plus
d´actualité. Pourquoi mentir.
Alors dans les chiottes toute votre clique et vous ne me verrez plus.
Et je ne suis pas le seul à décrier votre imposture !!!!
Trump pense utiliser les taxes pour diminuer les impôts des américains. Seulement avec 145% de taxe, aucun produit ne rentrera dans les USA donc pas de réduction des impôts mais les étagères des magasins seront vides. Effet domino : faillites et licenciements.
Boycott c est dans l air
une émission qui a eu lieu il y a un mois (début avril) republiée début mai, c'est nul de chez nul…….
… " Tous les américains sont appauvris ", surtout les + riches 😆
…..et il continue sans cesse de couper la parole de ses invités!!! Il est insupportable.
Re-re-rediffusion… Boycott C dans l'Air!
En plein rêve le trumpy boy
C’est du réchauffé , honteux !
On nous parle des dirigeants des GAFAM qui ont perdu des milliards de dollars à cause de la politique de Donald J. Trump, en revanche, est-ce que le renard fluo a également perdu des sous ou en aurait-il gagné ? Sait-on à qui profiterait la politique de Trump ? Qui aurait gagné des milliards, gagné en influence et en intérêts ?
Très bon contre le réchauffement climatique. Il faut voir le bon côté des choses.😂
L'actualité avance si vite, pourquoi une émission qui a un mois ?
Ne comparez pas la Chine avec d'autres pays sur la question de Taîwan. Ils n'ont certes pas fait de combat depuis la seconde guerre mondiale mais elle a le sens de la statégie et du préparatif. C'est une question culturelle… Elle l'a fait pour l'économie et c'est exactement la même chose pour le militaire. Comparer Taîwan (23 millions d'habitan) à l'Ukraine (37 millions d'habitant) c'est vraiment stupide. A l'écoute de certains on a l'impression d'entendre à nouveau le discours mégalo colonialiste, un peu comme la France à Diên Biên Phu… Pensons surtout à quel camp l'Europe va rejoindre… les USA ou entrer en conflit direct ou rester neutre ? Dans tous les cas, il faut commencer à entamer des négociations dès maintenant et rétablir une économie plus stable.
il y a trop de conflit dans le monde que l'ONU n'arrive pas à gérer
Je retiendrai " Régression intellectuelle " !
Mr Cohen est en état de sidération d'autant de bêtise économique de la part de Trump…très drôle !
On le vois partout ce Cohen, ya tellement de juiffs dans les médias pourtant on nous dit qu'ils ne représente que 1% de la population française, c'est curieux
Oui la chine est un grand pays contrairement a la petite France bien dociles obligé de se soumettre au décisions de trump
Au moins il a essayé. Et jamais mauvais d’essayer et surtout de prendre des risques.
Félicitations Président Trump.
Toujours on se sera avec vous.
A 40:33 La Chine n'envahira fort probablement pas TAIWAN par une opération militaire de débarquement. C'est bien trop risqué. Mais opérer un blocus maritime et aérien de cette île est assez facile. C'est d'ailleurs ce que les Ricains ont fait avec Cuba, non ? Alors comme la Chine a une armada navale considérable, c'est facile pour elle… Et TAIWAN n'est pas très éloignée de la Chine continentale d'où peuvent partir les avions miliatires chinois pour faire la police aérienne sur cette ïle…
Dis le en français tout de suite tu voulais montrer que tu parle anglais ? Quel petit snobisme. Tu es la risée du monde.
Trump est génial mais il ne suffira pas à nous libérer de nos élites corrompues
Le présentateur est insupportable avec sa manie de couper sans arrêt la parole aux invités.
Ils vont l éliminer